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ria donne suite aux projets de réforme douanière annoncés dans son exposé de budget pour 1861, on peut souhaiter qu’il maintienne un juste équilibre entre ce qu’il doit à la protection d’une industrie encore dans l’enfance et aux prescriptions de la science économique qu’il tient à honneur d’appliquer.

Les revenus des services en régie se sont considérablement accrus malgré les surtaxes imposées en 1859. Dans le budget de 1861, la recette prévue des rentas estancadas[1] est de 714 millions de réaux; en 1857, elle n’était que de 413. Que cette progression continue, et ce sera une meilleure ressource pour le budget espagnol que le désamortissement des biens du clergé. Pour les services en régie aussi bien que pour les impôts de puertas et consumos, il serait utile de diminuer les frais de perception et de production. Depuis que l’honorable M. Bravo-Murillo, à qui l’Espagne doit, entre autres bienfaits, celui d’une comptabilité régulière, dénonçait aux cortès comme mortelle pour le pays la lèpre des employés, l’économie dans les frais d’administration n’a point été ramenée à un taux suffisant : la perception des impôts directs est la moins chère; il en est autrement pour les monopoles de l’état et pour les impôts indirects. Dans un document officiel sur l’année 1857, on trouve que les revenus et les frais des rentes estancadas se sont élevés, ceux-là à 413 millions, ceux-ci à 157. Le ministre qui diminuerait le nombre des employés, en réduisant pour l’avenir le personnel de ces classes passives dont il a été déjà question, aurait certainement bien mérité du pays.

Il est surtout deux sources de revenus dont il faut se hâter de développer l’importance, le produit des domaines de l’état et l’excédant des possessions d’outre-mer. Les mines d’Almaden, de Linarès, de Rio-Tinto, dans la Péninsule, sont d’une richesse proverbiale : le produit brut, pour les premières, est de 16 millions de réaux; pour les secondes, de 2; pour les troisièmes, de 6. A Almaden, le produit net ne s’élève pas à 10 millions; à Linarès et à Rio-Tinto, il n’atteint pas plus de 1 million[2]. Quant aux possessions d’outre-mer, leurs bonis sont évalués, dans le budget de 1860, à 139 millions de réaux, et au même chiffre pour 1861. On ne peut considérer comme suffisant un revenu net de 35 millions de francs pour des colonies parmi lesquelles on compte Cuba, peuplée d’un million d’habitans sur une superficie de 4,850 lieues carrées, Puerto-Rico, qui a 426 lieues carrées et 150,000 habitans, l’archipel des Philippines, où les possessions espagnoles peuvent s’étendre sur 13,000 lieues carrées avec à millions et demi d’habitans, enfin les îles Mariannes

  1. On appelle ainsi les services en régie ou monopoles de l’état (tabac, sel, poudre, etc.).
  2. Conte, Examen de la Hacienda publica.