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ventions de l’état; la seconde est le décret du 7 septembre, qui approuve, sur l’exposé fait par M. Le marquis de Corvera, ministre de fomento, le plan général des routes pour la Péninsule et les îles adjacentes. Cet important travail peut se résumer ainsi : routes de première classe, 13,608 kilomètres; de deuxième classe, 10,563 kilom.; de troisième classe, 10,182 kilomètres : ensemble, 34,353 kilom., sur lesquels 10,000 à peine étaient terminés en 1859, et 2,000 en construction. En France, l’étendue des routes impériales, qui seules équivalent aux carreteras de première classe, s’élève à 35,000 kilomètres.


II.

Après avoir ainsi exposé l’ensemble des mesures que le cabinet espagnol a prises pour élever les ressources et les dépenses de l’état au niveau de ses besoins, il est nécessaire d’examiner avec détail quelques-unes de ces mesures et de porter un jugement plus réfléchi sur les éventualités de l’avenir. En 1860, le capital de la dette reconnue par le gouvernement s’élevait à 10 milliards 19 millions de réaux pour la dette perpétuelle consolidée et pour la dette différée[1]. C’est assurément une charge qui doit paraître légère, comparée aux forces productives de la Péninsule; mais si l’on met en regard de ce capital l’ensemble des intérêts payés au titre des obligations générales de l’état, on s’aperçoit que, sans être écrasant, le fardeau est assurément plus lourd qu’il ne semble. Ainsi aux 259 millions de réaux payés pour les intérêts du 3 pour 100 consolidé et différé il convient d’ajouter, d’après le budget de 1860, 47 millions pour le rachat de la dette non consolidée et les intérêts de la dette flottante, 20 millions pour l’amortissement de la dette du matériel et du personnel, 15 millions pour les intérêts des carreteras et actions de chemins de fer, 5 millions pour intérêts des actions de travaux publics, 7 millions pour l’amortissement de ces différens titres, enfin 26 millions pour les intérêts du 3 pour 100 inaliénable, échangé contre les biens des corporations civiles, ce qui, avec les 145 millions de réaux des charges de justice et classes passives, constitue un total d’obligations de 565 millions de réaux. Ce total d’in-

  1. Dans la Revue du 15 avril 1857, nous avons expliqué l’origine de tous les titres de la dette espagnole et analysé la conversion de 1851. On divise la dette en intérieure et extérieure, en dette consolidée, différée et amortissable. La dette consolidée porte seule un intérêt de 3 pour 101), la dette différée ne portait que 1 pour 100 d’intérêt en 1851; par suite d’accroissemens successifs, elle rapportera 3 pour 100 en 1869. Les dettes amortissables (passive, du matériel, du personnel) doivent disparaître dans un avenir prochain au moyen d’adjudications semestrielles; elles ne rapportent aucun intérêt.