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fut pas de même des intérêts échus de cette dette. Or la dette courante du trésor avait une origine à tous égards privilégiée, puisqu’elle provenait de dépôts faits au trésor aux momens les plus difficiles. Le décret dont il s’agit a pour but d’accorder aux intérêts échus la même conversion qu’au capital lui-même. Il serait fort à souhaiter pour le crédit espagnol qu’une semblable mesure fût appliquée à ce qu’on appelle les certificats du comité anglais. C’est parce que les réclamations des porteurs de ces titres ont été jusqu’ici rejetées par le gouvernement espagnol que le Stock-Exchange, on le sait, refuse d’admettre à la cote officielle toutes les valeurs espagnoles, à l’exception du 3 pour 100 extérieur, et leur ferme ainsi l’accès du principal marché des capitaux; si le ministère O’Donnell prenait la résolution de faire cesser un état de choses regrettable à plus d’un titre, il aurait donné un nouvel exemple de générosité courageuse et rendu un véritable service à la fortune de l’état. Lors du règlement de la dette en 1851, les intérêts de la dette 5 pour 100 négociée par M. Aguado de 1820 à 1831 et des emprunts en 5 pour 100 des cortès ne furent admis à la capitalisation en dette différée que pour cinq années; il y avait onze ans que ces intérêts n’étaient plus acquittés par le gouvernement espagnol. Un comité s’assembla à Londres et fit frapper des titres représentant les intérêts échus. Ces certificats se négocient à Londres, Amsterdam et Madrid, à un cours qui varie de 4 à 6 pour 100. On voit qu’une somme relativement minime suffirait au règlement de cette affaire; ce n’est pas, il est vrai, le chiffre de la dépense qui a retenu jusqu’ici le gouvernement espagnol : il élève de justes objections contre des titres créés par de simples particuliers et dépourvus de tout caractère officiel. Cette difficulté de forme ne doit pas arrêter le cabinet, et le ministre des finances, qui professe la maxime que l’état ne paie jamais trop cher la libération de son crédit, assumera facilement la responsabilité d’une capitalisation peu onéreuse. Ainsi prendraient fin toutes les réclamations qu’on est en droit d’adresser à une nation dont la fierté n’est pas la moindre vertu, et qui souffre plus par orgueil que par intérêt des atteintes portées à son crédit. N’oublions pas enfin que l’Espagne s’est reconnue débitrice d’une somme de 80 millions de francs envers la France, mais que jusqu’ici elle n’a rien payé, et qu’il n’a rien été exigé d’elle, ni capital ni intérêts.

Deux mesures prises dans les derniers mois de 1860 complètent la série des actes du ministère O’Donnell en matière de finances et de travaux publics : la première est la loi, votée par les chambres, qui autorise les compagnies industrielles à emprunter une somme d’obligations égale non plus seulement à la moitié de leur capital en actions, mais à la totalité du capital social en y comprenant les sub-