Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 30.djvu/916

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

unique depuis bien des années, d’une guerre extérieure, et voici quels on ont été les effets sur le trésor : — dans l’impossibilité de graduer d’avance les dépenses de toute espèce nécessitées par la guerre, le gouvernement a ouvert un crédit collectif sur lequel il a imputé tous les paiemens relatifs aux besoins d’une armée qui s’éleva par momons à 146,000 hommes, dont 57,000 tenaient campagne. Ces paiemens ont été effectués à l’aide de l’excédant des recettes de 1859 et de la réalisation anticipée des revenus de 1860. Les caisses de l’état ont été si abondamment pourvues qu’après l’échéance d’un semestre de la dette, elles n’ont jamais possédé moins de 200 millions. La dette flottante, qui pouvait s’élever à 740 millions, n’en a pas dépassé 717 à la fin de mai, et à cette même époque la caisse du trésor renfermait 316 millions de valeurs. » Enfin, malgré les paiemens considérables effectués pour des dépenses militaires urgentes, le gouvernement espagnol répondait à une revendication intempestive de l’Angleterre par le versement intégral de 496,000 livres sterling, sans profiter des délais que, par un reste de pudeur, un créancier peu scrupuleux offrait à un débiteur trop fier pour les accepter. Le traité de paix accordé au Maroc a stipulé une indemnité de 400 millions de réaux qui effacera les dernières traces que cette entreprise glorieuse a laissées dans les finances espagnoles; il ne restera plus que le souvenir d’un temps dont les difficultés n’ont pas empêché la rente publique d’atteindre à un taux inconnu jusqu’alors, tandis que les dépenses se soldaient avec la plus grande régularité, et que le gouvernement ne profitait même pas de toutes les ressources spéciales mises à sa disposition, notamment en ce qui regarde les retenues autorisées sur l’avoir des classes passives, ou dépendantes du trésor.

Un peuple qui donnait de telles preuves de sa vitalité, de son patriotisme, de sa prospérité intérieure, devait enfin entrer avec résolution dans une voie d’agrandissement et d’améliorations économiques, dût-il les acheter au prix de nouveaux efforts. Dans cette prévision, le budget de 1861 a été présenté avec un total de 1 milliard 934 millions de recettes ordinaires et de 1 milliard 926 millions de dépenses de même nature. Le budget des recettes et dépenses extraordinaires, conforme aux prescriptions de la loi du 1er avril 1859, offre le chiffre de 418 millions. Le maximum de la dette flottante reste tel qu’il avait été établi pendant la guerre, et s’élève à 740 millions; enfin les surtaxes de guerre se trouvent maintenues. L’augmentation prévue sur les recettes de 1861, par rapport à celles de 1860, est due seulement à un plus fort produit des douanes, des monopoles et des mines de l’état. Cet accroissement n’a rien que de proportionnel avec le résultat des années antérieures. Les