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budget ordinaire était plus apparent que réel. On avait dissimulé, sous forme de budget extraordinaire, certaines dépenses dont la permanence ne peut être contestée, entre autres les intérêts à payer aux corporations civiles dont les biens étaient vendus. Pour solder ce deuxième budget, montant à 209 millions de réaux, il fallait avoir recours soit au produit des ventes de biens nationaux, soit à une émission d’obligations de l’état exclusivement applicables aux travaux publics.

M. Pedro Salaverria présenta le budget de 1850. Si, pour cette année, il se vit contraint de suivre les erremens de tous ses prédécesseurs, et de ne soumettre les budgets des recettes et dépenses aux délibérations des cortès que dans les premiers mois de leur exercice, on doit avant tout reconnaître que depuis lors il s’est appliqué à obéir aux vrais principes constitutionnels. Ainsi le budget de 1859 a été seulement approuvé par la loi du 31 mai 1859; mais le budget de 1860 a reçu la sanction royale dès le 25 novembre 1859, et c’est le 15 juin 1860 que le ministre des finances a soumis aux cortès le projet de budget pour 1861.

Les dépenses ordinaires pour 1859 étaient portées à 1 milliard 789 millions de réaux, et les revenus ordinaires à 1 milliard 794. Un budget spécial de 267 millions était affecté à des dépenses militaires et à des travaux publics soldés par la vente de biens nationaux. Le maximum de la dette flottante était élevé à 640 millions de réaux, et des modifications de tarifs étaient appliquées à la vente des tabacs, du sel, etc. Toutefois, avant d’examiner les différences du budget de 1859 avec les précédens exercices, il est nécessaire de mentionner tout d’abord deux résolutions importantes du gouvernement et des chambres, résolutions qui ont servi de base a tout le système financier que M. Salaverria pratique avec succès depuis son entrée aux affaires. Le duc de Valence, après les événemens de 1856, avait suspendu le désamortissement ou vente des biens de mainmorte, quelle qu’en fût l’origine. Cette vente était la ressource à peu près unique des ministres progressistes pour fermer toutes les brèches faites au revenu de l’état. Les biens de mainmorte, appartenant au clergé, aux communes, aux corporations civiles, aux ordres de chevalerie, représentaient, d’après l’évaluation de 1855, un total de 6 milliards de réaux qu’il était d’une sage politique de ménager. Le ministère Armero-Mon fit une distinction entre les propriétés ecclésiastiques et les propriétés civiles. Ne voulant pas recourir, comme son prédécesseur, à des emprunts onéreux, il crut le désamortissement des seules propriétés civiles possible et profitable. Le ministère Isturitz en fit une des ressources de son budget. Le ministère O’Donnell fut plus heureux : grâce au concordat habi-