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vaux publics par exemple, assez pour ce qui touche à l’honneur et à la défense nationale, c’est-à-dire pour les services de la marine et de l’armée ? Telles sont les questions que cette étude doit soulever. C’est par des chiffres qu’on s’efforcera d’y répondre, et des chiffres mêmes que sortira la conclusion.

Le budget de 1857, préparé par le ministère Narvaez, s’élevait, pour les dépenses ordinaires, à 1 milliard 682 millions de réaux[1], et pour les dépenses extraordinaires à 102 millions. Les ressources ordinaires n’étant portées qu’à 1 milliard 562 millions, il fallait recourir à des moyens extraordinaires pour combler le déficit. La loi votée en 1855 permit de négocier un emprunt en 3 pour 100 de 240 millions de réaux avec une maison de banque étrangère ; malheureusement, pour obtenir cette somme effective, le capital de la dette publique se trouva grevé de 700 millions. Le ministère avait dû en même temps détruire de fond en comble l’économie du budget progressiste et rétablir les anciennes perceptions, parmi lesquelles les consumos lui fournirent une ressource de plus de 100 millions. M. Sanchez Ocaña présenta le budget de 1858 avec un chiffre de 1 milliard 775 millions pour les dépenses ordinaires et de 209 millions pour les dépenses extraordinaires. Les revenus publics ne s’élevant qu’à la première de ces sommes, il fallait, pour solder le second budget des dépenses, ou recourir encore à l’emprunt, ou se créer des ressources nouvelles. L’expérience tentée en 1857 n’encourageait point à s’adresser au crédit ; le ministre n’hésita pas à proposer l’augmentation d’impôts que son prédécesseur, M. Mon, dans son court passage aux affaires, avait déclarée nécessaire pour rétablir un véritable équilibre entre les recettes et les dépenses. Ce n’étaient pas seulement les 240 millions fournis par l’emprunt Mirés qui avaient servi de ressources extraordinaires en 1857 au ministère Narvaez ; des supplémens de crédits, la négociation de pagares (billets à ordre) souscrits par les acquéreurs de biens nationaux, avaient porté à 455 millions le total de ces ressources. Pour obtenir un pareil chiffre, le ministère Isturitz faisait figurer dans le budget des recettes ordinaires une surtaxe de 50 millions sur la contribution foncière, portée de 350 à 400 millions, et des accroissemens de revenus sur les autres parties du budget. Néanmoins l’équilibre du

  1. Le réal vaut un peu plus de 26 centimes. — Nous sommes obligé, pour conserver à cette étude sur les finances espagnoles son caractère propre, de citer toutes les quantités en réaux. On pourra sans beaucoup de peine se représenter les mêmes quantités en francs, si l’on prend le quart des sommes exprimées en réaux, et cette précaution est nécessaire pour apprécier sainement les ressources et les dépenses d’un pays dont le budget, porté par exemple à 2 milliards de réaux, dépasse à peine le chiffre de 500 millions de francs.