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TROIS MINISTRES
DE L’EMPIRE ROMAIN
SOUS LES FILS DE THÉODOSE.

RUFIN, EUTROPE, STILICON.

I.
RUFIN.

Deux grandes révolutions, auxquelles deux grands empereurs donnent leur nom, ouvrent et ferment le IVe siècle, et comme toute la politique romaine était alors dans la religion, ces deux révolutions furent religieuses. Inauguré par Constantin, le premier empereur chrétien, ce siècle finit avec Théodose, l’empereur catholique. Constantin avait fait du christianisme une seconde religion de l’état à côté du polythéisme. Théodose voulut qu’il n’y eût plus dans l’empire qu’un seul culte officiel et public, le christianisme, et au sein du christianisme une seule communion, celle qui relevait de la foi de Nicée et qu’on appelait catholique. À cette grande œuvre de l’unité religieuse il voua tout ce qu’il avait de puissance et de génie. C’est pour la fonder en Orient qu’il accepta des mains de Gratien l’empire de Constantinople, livré depuis Constance au débordement de toutes les hérésies; c’est pour l’établir également en Occident qu’il soutint deux luttes formidables contre les tyrans Maxime et Eugène, soutenus par le sénat de Rome. La dernière de ces luttes offrit au monde l’étrange spectacle d’une coalition des communions chrétiennes dissidentes avec le paganisme, au nom de la liberté des cultes; l’on vit, sous l’autorité du sénat romain, les doctrines