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varola à Bologne. A dater de ce moment, le trouble envahit les Légations.

La révolution de 1830 survient, imprimant au monde un ébranlement qui se fait sentir en Italie. La Romagne se soulève, et n’est Domptée que par l’intervention autrichienne. C’est l’Europe alors qui arrive, qui prend le droit de conseil, et qui trace le plan d’une pacification des États-Romains par le memorandum du 10 mai 1831, résumé des conditions éternellement reproduites : admissibilité des laïques aux fonctions publiques, réorganisation de la justice, conseils locaux électifs, consulte administrative. Le nouveau pape, Grégoire XVI, n’a garde de heurter de front la diplomatie européenne; il la laisse s’agiter, délibérer, rédiger un programme dont le secrétaire d’état, le cardinal Bernetti, se moque parfaitement au fond. La cour de Rome publie même un semblant d’édit. Et puis, — et puis, ce n’est pas moi qui parle, c’est un apologiste de la papauté, l’auteur de l’Eglise romaine en face de la Révolution, qui le dit, « le pape consentit, les garanties furent acquises au peuple... Le peuple restait juge de l’exécution; il l’attend encore très patiemment... » En 1845, nouvelle insurrection dans la Romagne, insurrection éphémère, il est vrai, mais significative, dont il n’est resté qu’un manifeste d’une modération qu’on trouverait étrange aujourd’hui, qui ne mettait nullement en doute la souveraineté temporelle du saint-siège, et un livre de M. d’Azéglio, — les Casi di Romagna, — qui a été une des flammes où s’est allumé le mouvement de 1846. Le règne de Pie IX s’ouvre, on le sait, comme une éclatante aurore. Cette fois du moins, la réconciliation de la papauté temporelle et des populations semble scellée. Bientôt cependant l’indécision d’un gouvernement tiraillé par toutes les influences laisse une issue à la révolution; le progrès de l’esprit révolutionnaire, accéléré par une conflagration universelle, jette le pape hors de Rome, ensanglantée par le meurtre de Rossi, et quand la tempête s’apaise, quand le souverain pontife revient de Gaëte, ramené par une intervention nouvelle de la force étrangère, que reste-t-il? Pas même les réformes librement consenties en 1847; il reste le motu proprio de 1850, mutilé ou restreint dans son application. Le principe de l’élection dans les conseils locaux, si mitigé qu’il soit, est éludé et ajourné indéfiniment. La consulte des finances est réduite à une si étrange nullité, qu’il y a un an à peine le président, le cardinal Savelli, ayant voulu rappeler, sous la forme la plus inoffensive, ce qui manquait au contrôle des comptes et le dangereux développement de certaines dépenses, il était soudainement révoqué, et recevait l’ordre de ne plus se présenter devant le pape. Une fois encore dans cette période nouvelle l’Europe intervient diplomatiquement comme en 1831; elle signale ce qu’il y a d’irrégulier et d’inquiétant dans