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constante assiduité aux sermons et aux lectures sacrées, ainsi qu’à la sainte communion. Que les rédacteurs prennent soin toutefois de ne jamais sortir, en traitant de tels sujets, du cercle des formules orthodoxes ! »

La liste continue de la sorte en trente paragraphes du même style, recommandant aux journaux, comme sujets de développemens utiles, l’hygiène, l’instruction des filles, la tempérance, la mendicité, le vagabondage, l’entretien des routes, la grande et la petite voirie, l’élève du bétail, la manière de sécher la tourbe, et la maladie de la pomme de terre. L’article 28 recommande aux journaux un bien autre service; ils feraient bien, suivant M. le comte de Berg, de signaler à l’autorité les gens errans dans les campagnes, gens de vice et de débauche qui gâtent la santé publique! — L’article 29 revient à des conseils plus honnêtes, permettant de traiter de la géographie, des sciences naturelles, de la statistique, de l’astronomie et de la navigation. — Les plus pressans conseils sont pour la fin. « Article 30. Il serait par-dessus tout souhaitable que le peuple fût engagé de la manière la plus pressante à se conformer aux sages et bienfaisantes prescriptions du gouvernement. Il faut lui faire remarquer que des hommes expérimentés et bien intentionnés ont longtemps et profondément réfléchi et délibéré entre eux avant la promulgation des actes publics et des lois. On leur inspirera de la sorte une confiance bien méritée, et ils regarderont l’obéissance envers la loi comme un devoir nécessaire et profitable.

« Dans les sujets d’articles indiqués ci-dessus, un rédacteur bien intentionné trouvera une source abondante de développemens et de réflexions utiles au peuple ; mais je regarde comme tout à fait hors de propos de vouloir entretenir le peuple d’événemens et d’objets qui lui sont tout à fait étrangers. Je compte dans ce nombre des informations et des articles sur les événemens politique du Japon, de la Chine, de la Syrie, de la Sicile, de la Calabre, de l’Ombrie, du Maroc et du Mexique, dont certains rédacteurs parlent à leurs abonnés. Ces sujets-là ne sont pas à leur place dans des feuilles publiées pour la population des campagnes.

« J’invite M. Le gouverneur de la province de... à communiquer ces réflexions à MM. Les rédacteurs et éditeurs de journaux pour le peuple, et à donner aux censeurs qui dépendent de lui des instructions en conséquence. Les journaux populaires qui ne voudraient pas suivre ces principes devraient être considérés comme des organes, non-seulement peu utiles, mais même fort nuisibles, de la presse périodique. »

Telle est donc la part qu’on voudrait faire à l’esprit public en Finlande; mais c’est trop nous arrêter sur cet incident. Nous ne rechercherons pas si c’est un mal ou un bien que les nationalités secondaires demandent leur place à la vie morale, qui ne se sépare pas pour elles de la vie politique : nous ne voulons que constater l’existence et l’énergie incontestables de l’une d’entre elles; la condamne ensuite qui voudra! — En premier lieu, la race à laquelle appartient celle-ci n’a rien de commun avec les peuples qui l’ont successivement conquise ni avec presque tout le reste de l’Europe. On en peut juger soit par les traditions de son paganisme, soit par sa langue. Le finnois, d’origine oural-altaïque, n’a pas de racines communes avec nos langues indo-européennes; avec le hongrois, l’esthonien, le lapon, le samoiède,