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quantité d’argent le commerce de l’extrême Orient demande à notre Occident. Ce serait un soulagement d’être dispensé pendant quelque temps au moins de ces expéditions d’argent, puisque l’Europe paraît traverser en ce moment une légère crise monétaire. Depuis deux mois, les encaisses des banques de France et d’Angleterre sont sérieusement attaqués ; notre banque, si l’on tient compte des acquisitions d’or qu’elle a faites dans l’intervalle, s’est vu enlever ainsi depuis peu de temps près de 200 millions. De là hausse du taux de l’intérêt commercial qui réagit de Londres sur Paris, de Paris sur Londres. Cette rareté momentanée de numéraire ne paraît pas avoir de cause grave. Il est certain du moins qu’elle n’est pas le signe avant-coureur d’une crise commerciale. Le pays d’où nous viennent les crises qui ravagent périodiquement le commerce, les États-Unis, est dans une situation commerciale prospère. Les États-Unis ont eu de magnifiques récoltes de céréales, pour lesquelles les insuffisances de l’Europe leur ont ouvert un lucratif débouché. Cette circonstance, qui est toute à leur avantage, contribue même à l’embarras monétaire actuel. Ordinairement le commerce américain, toujours débiteur du commerce anglais, le couvre par des remises continuelles en or. Les Américains paient cette année en farines, et un des affluens par lesquels s’alimente le grand marché d’or du monde, le marché anglais, est momentanément à sec. Les excédans de récolte d’Espagne vendus à l’étranger et les grands travaux de chemins de fer qui s’exécutent dans ce pays y entraînent en ce moment un courant prononcé de métaux précieux, et ne sont point étrangers à l’embarras actuel ; mais en Italie surtout se sont produites les grandes demandes de numéraire. Les raisons commerciales sont peut-être pour quelque chose dans ces demandes ; mais les raisons politiques y doivent être pour plus encore. L’état actuel de l’Italie après le récent emprunt, et avec l’usage qui est fait de cet emprunt pour payer des armemens improvisés sur une vaste échelle et se distri 1)uer en solde à des troupes dont le nombre dépasse toutes les proportions antérieures, a dû amener des besoins extraordinaires de numéraire. C’est ainsi qu’au bout de cette courte excursion sur le terrain des intérêts économiques nous nous trouvons ramenés à ces causes politiques dont l’influence se fait en effet sentir partout. e. forcade.



REVUE MUSICALE.

DE L’INFLUENCE DE LA CRITIQUE.

Les théâtres s’émeuvent et se préparent à traverser plus ou moins brillamment la saison d’hiver où nous allons entrer. Que leurs efforts soient