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analogue dans l’animalcule spontanément produit, de même que des combinaisons chimiques très diverses peuvent être faites par des liquides qui semblent presque identiques ; mais la préexistence des germes dans toutes les matières organiques n’est pas tout à fait impossible. Dans les manipulations qu’elles ont subies, dans la longue période de leur formation, elles ont été en contact avec mille substances, avec mille insectes, mille animalcules qui ont pu y laisser leurs germes, comme certains oiseaux choisissent, dit-on, de préférence des arbres déterminés pour y faire leur nid et y déposer leurs œufs. L’eau qui les humecte est dans le même cas ; mais il est admis qu’aucun germe, aucune graine ne peut subir la température humide de 100 degrés. Au-dessous même, l’albumine se coagule toujours, comme dans les œufs durs, et l’albumine non coagulée est nécessaire à la vie et au développement. Ceci n’a été et ne peut être contesté par personne, quelque confiance que l’on ait dans la persistance de cette force singulière qu’il est difficile de ne pas reconnaître à ces substances organiques. Eh bien ! dans l’infusion bouillie, les infusoires apparaissent pourtant, plus lentement il est vrai, mais ils apparaissent. Pourquoi plus lentement ? Il serait difficile aux hétérogénistes de hasarder sur ce point une conjecture ; mais l’expérience est pour eux. Dans ce cas aussi, il y a formation de la pellicule jaune, organisation, animaux d’abord très simples, qui sont aussitôt après leur mort remplacés par des êtres plus complexes, comme les vorticelles avec leur appareil respiratoire, les kolpodes et leurs vingt estomacs, les paramécies hermaphrodites, les glaucomes dont le cœur bat comme celui des animaux supérieurs, enfin toutes les espèces suivant le cas.

La surface de toutes les infusions dont nous avons indiqué les résultats est en contact avec un air qui se renouvelle constamment, et qui est le grand disséminateur de la poussière et des petites graines. Peut-être est-ce à lui qu’il faut s’en prendre de la fécondité de ces dissolutions, quoiqu’il soit singulier que dans deux vases placés l’un près de l’autre, couverts par la même cloche , ayant ainsi leurs surfaces dans des conditions identiques, l’air apporte des germes différens, et dans chaque dissolution ceux même qui pourront s’y développer et probablement ceux-là seuls. Pourtant la génération spontanée est une chose si merveilleuse que toute hypothèse semble permise pour lui échapper. Aussi est-ce sur ce point que les expérimentateurs ont dû porter tous leurs soins et leurs plus grandes précautions. Déjà nous avons dit que l’air est toujours nécessaire à la production des infusoires, et il en résulte que, sous la cloche de la machine pneumatique, rien n’apparaît. Wrisberg l’avait déjà constaté en recouvrant d’une couche d’huile les matières en expérience.