Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 30.djvu/294

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

intérêt et la surprise la mieux sentie... C’est là que vous deviez rencontrer Hugh Wyndham?...

— C’est là qu’en me montrant à lui on devait lui faire connaître, apprécier les mérites, — tout à fait indépendans de ma valeur personnelle, — qui me recommandaient à ses préférences... C’est là sans doute aussi qu’il devait essayer de me rendre plus acceptable l’idée de me marier à un Wyndham. Je crois pouvoir assurer qu’il n’y serait point parvenu; mais il était plus simple et plus digne de n’aller point à ce bal. Mon refus doit vous paraître tout naturel.

Le même sourire furtif qui m’avait déjà surprise et gênée reparut au bord des lèvres de M. Wroughton.

— Je connais assez Hugh Wyndham, reprit-il, car nous travaillons quelquefois ensemble, je le connais assez, dis-je, pour vous garantir que vous n’auriez eu à redouter ses prétentions que dans le cas (à la vérité fort probable) où il se serait épris, très sérieusement épris de vous. Ses ennemis, s’il en a, ne l’accuseront jamais d’obéir à des calculs intéressés. Il a le cœur trop haut, et peut-être aussi la cervelle trop légère, pour le métier de coureur de dot. Puisque vous haïssez à ce point le nom de Wyndham, il est fort heureux pour lui que vous n’ayez point paru à cette soirée... Du reste, vous pourriez maintenant, sans aucun regret, accepter une invitation du même genre.

— Serait-il donc engagé?

— Il l’est, ou du moins croit l’être, à une jeune personne dont le nom ne vous est pas inconnu...

— Elle se nomme?...

— Excusez-moi de ne pas répondre encore à cette question... Je trahis ici une espèce de secret, — certain de n’avoir pas à m’en repentir, — afin que si par hasard, ce qui n’est pas improbable, vous veniez jamais à rencontrer Hugh Wyndham, vous soyez sans aucune appréhension des vues, des intentions qui l’auraient amené près de vous.

— Pourrai-je, sans vous paraître indiscrète, vous demander si ma mère et son mari sont informés de ce que vous venez de m’apprendre?

— J’ai tout lieu de croire qu’ils l’ignorent absolument... Ce qu’on peut confier à un compagnon, à un ami, ne se dit guère à des parens dont l’intervention semble à craindre, surtout quand il s’agit d’un mariage que les gens dits raisonnables ne semblent pas devoir honorer de leur assentiment.

— Ah! la fiancée de M. Wyndham?...

— Est bien loin d’avoir la fortune de miss Lee... Et pourtant la famille de cette jeune personne regarderait sans doute comme très