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DE
L’ALLEMAGNE EN 1860

LES GOUVERNEMENS ET LES PARTIS AU-DELA DU RHIN.

Die Deutsche Natiotialeinheit, par M. Max Wirth ; Francfort 1859.

Quiconque a visité récemment les diverses parties de l’Allemagne a dû être surpris du mouvement d’opinion qui s’y manifeste, et a pu recueillir sur tous les points de la confédération les symptômes d’un trouble politique profond. Tandis que d’autres peuples se reposent dans une virile confiance, ou se laissent enivrer par un heureux optimisme, en Allemagne les esprits s’assombrissent, les intérêts s’alarment, l’honneur national s’irrite, la patience germanique se lasse : pour tout dire en un mot, l’Allemagne est mécontente. Elle est mécontente de son organisation fédérale, qui la divise et la condamne à l’impuissance au milieu des graves événemens où se jouent les destinées européennes, mécontente de ses princes, dont la politique manque à son gré de suite et de fermeté, mécontente de ses partis, qui servent d’étroites passions, au lieu de servir la patrie commune. A entendre les ennemis de l’Autriche, cette puissance a préparé les divisions et les dangers présens de l’Allemagne par une politique imprévoyante, systématiquement hostile à tous les intérêts libéraux ; si l’on écoute au contraire les défenseurs de l’Autriche, c’est la Prusse qui a fait tout le mal par ses tergiversations, sa prudence, qui trop souvent ressemble à de la duplicité : elle a laissé affaiblir l’Allemagne en séparant sa cause de celle de l’Autriche, et si aujour-