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Voyez le Théâtre-Lyrique, comme il se défend vaillamment contre la destinée cruelle qu’on lui a faite! Celui-là rend de vrais services à l’art musical, et il est grandement à désirer que l’autorité, soucieuse de l’avenir de la musique dramatique, tende une main secourable à un théâtre qui a fait entendre à la France les chefs-d’œuvre de Gluck, de Mozart, de Weber et de Beethoven.

Cependant l’année approche de sa fin, et nous ne voulons pas quitter les lecteurs de la Revue sans leur recommander quelques publications intéressantes, qui peuvent être mises entre les mains de vrais amateurs de musique. Recommandons-leur tout d’abord les Archives du chant de M. François Delsarte, vaste répertoire de morceaux tirés des principaux chefs-d’œuvre lyriques de la France depuis Lulli et au-delà jusqu’à Spontini et plus tard encore. M. Delsarte, qui est un artiste amoureux des vieilles formes que le temps a consacrées, et qui expriment plus directement l’accent prosodique et le sens moral de la parole que les morbidesses de la mélodie pure, laquelle n’a d’autre raison d’être que le charme qu’elle procure, M. Delsarte a recueilli et annoté avec soin les plus beaux airs, les plus beaux trios et les scènes les plus pathétiques des opéras de Lulli, Rameau, Gluck, Piccinni, Sacchini, Cherubini, Spontini, dans le genre sérieux, de Duni, Monsigny, Philidor, Grétry et Dalayrac dans le genre de l’opéra-comique. Chaque morceau porte en tête de la page le nom de l’ouvrage d’où on l’a tiré et la date précise où l’opéra a été représenté pour la première fois. À cette série de morceaux dramatiques, d’où Haendel, Hasse, Haydn, Mozart et Beethoven ne sont pas exclus, M. Delsarte a joint un choix des chansons les plus piquantes des XVIe et XVIIe siècles. C’est un vrai résumé de l’histoire du chant dramatique que les Archives de M. Delsarte, un ouvrage curieux, commode et très bien gravé, avec un simple accompagnement de piano, un beau cadeau à faire à une femme de goût, à un dilettante qui voudrait avoir sous la main les diverses manifestations que l’art musical a données des sentimens éternels du cœur humain.

Le Répertoire du chanteur, publié par la maison Brandus et Dufour, est pour ainsi dire, le complément des Archives du chant de M. Delsarte, dont nous venons de parler. Composé de huit volumes in-8o, dans le format connu des petites partitions, le Répertoire du chanteur contient les meilleurs morceaux des chefs-d’œuvre dramatiques modernes, en y comprenant des airs et des duos choisis dans des opéras plus anciens. Chaque genre de voix trouve dans un volume particulier les morceaux qui lui sont propres, et la réunion des huit volumes pour soprano, mezzo-soprano et contralto, ténor, baryton et basse, renferme la quintessence de la musique dramatique qu’on chante de nos jours sur les théâtres de Paris. Cette collection, commode et utile, fait partie d’une publication plus considérable, intitulée Bibliothèque musicale et composée de cent volumes choisis parmi les œuvres de tous les maîtres et de toutes les écoles.

Ce sont là, ce nous semble, de belles étrennes à donner à qui sait apprécier les belles choses qui ne passent pas de mode, et qui auront, en 1861, la jeunesse et l’enchantement qu’elles possèdent depuis si longtemps. Qu’on y joigne l’excellente méthode de chant de M. Panofka, que nous avons si souvent recommandée aux lecteurs de la Revue, ouvrage éminemment utile, où