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et encore n’a-t-on mentionné que pour mémoire la prévision d’augmentation dans les dépenses sur les devis présentés. Rappelons-nous que, dans la construction de quelques lignes, la dépense a été bien au-delà des chiffres originairement fixés, bien que les compagnies aient toutes surveillé avec le plus grand soin cette partie essentielle de leur administration. L’état n’a pas pour règle, comme les entreprises particulières, de viser à l’économie et au bon marché dans les travaux, et, dans la question qui nous occupe, il faut bien tenir compte de ses habitudes.

Mais en se substituant aux compagnies l’état aurait comme elles 2 milliards 500 millions à emprunter pour terminer le nouveau réseau. Or. s’il emprunte ces 2 milliards 500 millions à un taux supérieur à sa garantie de 4, 65 pour 100, il fera une mauvaise opération financière, puisqu’il laissera retomber sur le trésor la différence qui, dans la situation actuelle, doit rester à la charge de l’ancien réseau des compagnies. Peut-il espérer d’échapper à ce danger ? C’est une opinion généralement répandue que de tous les emprunteurs, l’état est celui qui obtient les conditions les plus avantageuses. Cependant l’état est, comme tout le monde, soumis aux défaillances du crédit et de la confiance, et l’on peut constater que, dans les emprunts qu’il a faits depuis cinq ans, il a été obligé, malgré la prospérité publique, de diminuer à chaque emprunt le prix de sa rente, afin de se procurer les ressources dont il avait besoin. L’emprunt pour la guerre d’Italie a été contracté à 60 francs, c’est-à-dire à 5 pour 100, et si, pendant une période de dix ans, le grand-livre doit rester ouvert avec des appels annuels et pour ainsi dire à jour fixe, n’est-il pas permis de croire, en tenant compte des événemens politiques, commerciaux et financiers, qui peuvent se produire, que l’état empruntera à un taux supérieur en moyenne à 4, 65 pour 100 ? Car si nous jetons un regard sur l’histoire de notre dette publique, nous constaterons que l’état a reçu de ses créanciers, depuis la création du grand-livre, un capital s’élevant, à la date du 31 décembre 1859, au chiffre de 8, 593, 288, 155 fr. 55 c, et que le service de cette dette figure au budget de 1860 pour une somme de 560, 148, 676 fr. L’état paie donc à raison de 6 1 2 pour 100 l’argent qu’il a emprunté.

Il est vrai que, malgré ce chiffre, le crédit public n’a jamais été plus solide, et la confiance qu’il inspire est telle que c’est à lui que la plupart des nombreux capitaux, fruit de l’économie des classes moyennes, vont, demander un placement assuré ; mais les demandes d’argent de l’état ont été très considérables depuis plusieurs années ; depuis plusieurs années aussi, les villes, les communes et les départemens, entrant dans le système des grands travaux d’utilité publique, s’adressent, en même temps que le gouvernement et les chemins de fer,