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LE MARQUIS DE VILLEMER



QUATRIÈME PARTIE.[1]




XVIII.


La marquise ne dormit guère. Elle étouffait d’impatience d’être au lendemain. L’insomnie l’attrista. Elle vit tout en noir et s’attendit à une déception ; mais lorsque Caroline lui apporta sa correspondance, il y avait une lettre de la duchesse qui la transporta de joie. « Mon amie, disait Mme de Dunières, voilà un changement à vue comme à l’Opéra. C’est de votre fils aîné qu’il faut s’occuper. Je viens de causer avec Diane à son réveil. Je ne lui ai point noirci le duc, mais ma religion m’obligeait de ne lui rien cacher de la vérité. Elle m’a répondu que je lui avais déjà dit tout cela en lui parlant du marquis, que je n’avais plus rien à lui apprendre à quoi elle n’eût réfléchi, et que, tout en réfléchissant, elle en était venue à s’intéresser également aux deux frères, dont l’amitié était une si belle chose, que même, en songeant à la situation du duc, elle avait trouvé plus de mérite à bien porter le fardeau de la reconnaissance qu’à rendre le service exigé par le devoir. Elle a ajouté que, puisque je lui avais conseillé de faire le bonheur et la fortune d’un homme de mérite, elle se sentait attirée vers celui qui lui en saurait le plus de gré.

  1. Voyez les livraisons du 15 juillet, du 1er et du 15 août.