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et ne pas craindre la résistance, elle a formé des commissions de membres du conseil-général pour l’inspection des travaux des routes et d’autres objets, et ces créations facultatives pourraient être régularisées. Une tranche d’administration a pris, il y a quelques années, une nouvelle importance : c’est l’assistance publique. L’abondance de ses ressources, le nombre de ses établissemens, ne permettent plus de discuter le mérite en soi d’un ensemble de choses qui ne peut plus disparaître. Il ne faut songer qu’à en faire bon usage. Est-il indispensable pour cela de laisser à la centralisation toute la part quelle possède de l’assistance publique ? Nul ne sait mieux que nous que, de tous les services rattachés au ministère de l’intérieur, aucun ne peut offrir à un administrateur de meilleures occasions de se faire honneur par quelques réformes ou quelques tentatives heureuses ; mais ce n’en est pas moins une matière qui n’est pas essentiellement gouvernementale, et qu’il y a des dangers à remettre aux mains de l’état. Il est de grande conséquence d’accréditer dans les populations l’opinion que le gouvernement doit, avec son impartialité un peu niveleuse, avec son action universelle, avec ses ressources, qu’on croit volontiers inépuisables, prendre à l’entreprise la tâche de secourir également et, il le faudrait, sans exception l’indigence, la maladie, l’infirmité, l’enfance. Puisqu’on ne peut attribuer tous ces soins aux particuliers et aux associations libres, ne pourrait-on dessaisir l’état, et laisser régler départementalement tout ce qui en ce genre n’est pas exclusivement du ressort des communes ? Au conseil-général, qui subventionne déjà plus d’un établissement de bienfaisance, et qui a légalement à sa charge certains frais des hospices d’aliénés, pourrait être attribué un pouvoir de surveillance et même de réglementation qui ôterait au gouvernement jusqu’à l’apparence, envers les faibles et les malheureux, de cette mission providentielle que lui décernent à la fois ses flatteurs et ses ennemis. En un mot, les administrations des hospices, soit en restant, comme elles le sont, municipales, soit en devenant, par une innovation plus hardie, départementales, pourraient acquérir plus d’autonomie, plus de liberté, en relevant plus ou moins directement de l’élection par les liens qui les rattacheraient aux conseils représentatifs.

Ce n’est pas le lieu d’insister sur d’autres prérogatives qui rehausseraient encore dans l’opinion la représentation départementale. La constitution de 1848, à laquelle on songe peu, et qui ne sera pas lue peut-être une fois en dix ans, n’avait pas été mal inspirée en faisant contribuer les conseils-généraux à la formation du jury de la haute-cour nationale, et, si nous abordions l’ordre constitutionnel, nous trouverions sans doute que le conseil-général aurait un rôle à