Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 29.djvu/765

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
DE
L'AVENIR RELIGIEUX
DES SOCIETES MODERNES

I. Paris, Rome et Jérusalem, ou la Question religieuse au dix-neuvième siècle, par M. J. Salvador ; Paris 1860. — II. Du Protestantisme en France, par Samuel Vincent, avec une introduction de M. Prévost-Paradol ; Paris 1859. — III. La Liberté religieuse et la Législation actuelle ; Paris 1860.

Beaucoup de personnes, de celles qu’on nomme éclairées, sont arrivées de nos jours à un système singulier. Persuadées que le bien suprême est l’universelle pacification, elles pensent que tout ce qui divise les hommes doit être prévenu par l’état, et elles ferment les yeux sur les questions qui troubleraient leur heureuse quiétude. La Chine est, sans qu’elles le sachent, l’idéal qu’elles se proposent. Là chacun a son épithète officielle, chacun a droit après sa mort à la considération dont il a joui pendant sa vie ; tout magistrat y est intègre, tout préfet bon administrateur ; tous les rois ont été des pères : s’ils ne l’ont pas été, nul ne l’ose dire, et l’on raconte que quand les vieux sages trouvaient la trace de quelque méfait commis par les souverains, ils l’effaçaient prudemment. La Chine apparaît de la sorte au premier coup d’œil comme un paradis de sages, et le XVIIIe siècle, qui prit au sérieux cette niaiserie béate des annales du Céleste-Empire, crut avoir trouvé le peuple modèle. En réalité, la Chine, avec ses mandarins, sa police admirable, ses concours de gradués, son instruction publique si largement répandue, a toujours été inférieure à notre Occident, même à ses plus mauvais jours.