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données ? C’est, en tout cas, à l’état de poudre très fine que l’on en doit faire usage. Plus de 4 millions de kilos employés sous cette forme dans vingt-huit départemens ont été répandus à la volée avant ou après l’ensemencement de la terre sur 8, 000 hectares et dans la proportion de 500 kilos par hectare. C’est principalement dans les terrains argileux, schisteux, sableux ou granitiques, plus particulièrement encore sur les défrichemens de bruyères, que cet engrais, ainsi répandu à l’état normal, a produit les meilleurs effets. Lorsque le sol se trouvait très peu chargé de débris organiques, on a reconnu avantageuse la méthode qui consiste à mélanger les nodules en poudre avec la fumure ordinaire des étables ou avec une demi-fumure, afin de répandre ensemble ces deux engrais, dont les élémens, de nature minérale et organique, se complètent l’un par l’autre.

Dans les terres pauvres en carbonate de chaux, il faudrait se garder de répandre la poudre de nodules préalablement acidifiée, car la réaction acide, dominante en ce cas, serait évidemment nuisible à la végétation. Les terrains calcaires s’accommodent de l’engrais ainsi préparé. Le carbonate de chaux, se trouvant ici en excès, sature complètement l’acidité et maintient une légère réaction alcaline. Toutes les cultures ne sont pas, tant s’en faut, exigeantes en phosphates au même degré. La quantité qu’elles en absorbent doit être en rapport avec celle que l’analyse retrouve ordinairement dans les tissus de leurs végétaux. M. de Molon a remarqué que le froment, le sarrasin et le colza en consomment, pour une égale superficie de terrain, cinq ou six fois autant que les betteraves, les pommes de terre et les turneps.

Le rôle des engrais n’est pas seulement d’exercer sur les cultures une action directe et puissante, de rendre au sol ce que les récoltes lui enlèvent, d’accroître même les élémens assimilables par les plantes et d’élever graduellement ainsi la fertilité des terres : nous démontrerons dans la suite de ces études comment divers engrais mixtes peuvent concourir à restreindre les effets défavorables de certaines intempéries des saisons qui développent outre mesure les tiges herbacées, et les rendent flexibles au point d’être facilement renversées sur le sol par les eaux pluviales. Nous indiquerons comment d’énergiques auxiliaires des engrais, les remarquables opérations du drainage et du colmatage, garantissent les cultures contre les graves inconvéniens des eaux souterraines et stagnantes en excès dans le sol. Jamais peut-être un ensemble de travaux et de précautions de ces divers genres n’a paru plus nécessaire que cette année même, où les influences atmosphériques ont constamment excité les vives appréhensions du public. Sur les points les plus importans de la production agricole, on est aujourd’hui rassuré ; sur quelques autres, le