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lesquels elles manquent d’efficacité. C’est une éducation à faire, une habitude à donner ; avec de la persévérance, on en viendra à bout.

Ce qu’on a fait pour les canonnière et les fusiliers, on a essayé de le faire pour les timoniers. Ici les résistances ont été plus vives ; on en est resté à des essais qui, malgré un succès évident, n’ont pas été poussés bien loin. Pour les gabiers, on s’est même refusé à tenter l’épreuve. Deux systèmes se trouvaient en présence : l’un qui voulait pousser jusqu’au bout cette création de cadres d’élite, destinés à retenir le plus longtemps possible au service des hommes éprouvés ; l’autre qui craignait que l’économie de l’inscription maritime ne fût affectée par cette combinaison, et que l’élément fixe des équipages ne portât préjudice à l’élément mobile. C’était en quelque sorte la lutte du choix et du nombre Les uns disaient qu’il valait mieux garder les sujets formés, les autres ouvrir les portes aux sujets à former. Pour arriver plus sûrement à leurs fins, les premiers voulaient qu’on étendît à tous les marins inscrits la clause du rengagement avec prime, que le décret du 5 juin 1856 limite à de certaines catégories ; les autres repoussaient cette disposition, dans la crainte que les rengagemens sur une grande échelle ne nuisissent à la levée permanente et n’affaiblissent le chiffre de la réserve. Entre ces deux opinions, l’hésitation n’est pas permise. Ce qui importe dans toutes les catégories du personnel, c’est de former et d’avoir du bon ; le médiocre vient assez de lui-même. Comment s’expliquer cette sorte de culte pour l’inscription maritime, qui attente au droit commun et tient dans ses étreintes les populations qui vivent de la mer ? Ce régime est assez onéreux par lui-même pour qu’on n’en exagère pas les effets. Il ne faut pas attendre tout de lui, ni tout lui demander. Tout ce qui contribuera à l’adoucir sera un bienfait et un acte de justice. Ainsi accroître, même à prix d’argent, la partie fixe des équipages, pour soulager la partie mobile, est une combinaison qu’on ne saurait trop recommander, surtout quand, à l’aide de cette combinaison, le niveau de l’instruction s’élève et que l’esprit de la flotte s’améliore. Il y a donc lieu d’insister sur ce complément des cadres spéciaux. Que des écoles soient ouvertes aux timoniers et aux gabiers, et qu’ils en sortent avec des brevets, on aura alors dans toutes les parties’ du service une élite qui donnera le ton et servira de modèle.

Dans la composition des équipages, il a été beaucoup fait ; il reste beaucoup à faire encore. Le règlement du 20 mai 1857 en fixe le détail et comprend quatre effectifs : l’effectif complet, l’effectif réduit, l’effectif en disponibilité, l’effectif en commission. En admettant ces termes, un vaisseau de second rang, comme le Napoléon, aurait 913 hommes dans le premier cas, 480 dans le second, 56 dans le troisième, 49 dans le quatrième. C’est beaucoup de complications