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d’importance et sans dessein d’y donner aucune publicité.

— Cela, répondit-il, a pourtant bien l’air d’être destiné à l’impression.

Je l’assurai qu’il n’en était rien. Il cessa de lire, mit le papier à part sur la table, et continua son inventaire.

Quand il l’eut fini sommairement, il s’adressa en allemand à l’homme qu’il avait amené ; celui-ci déroula tout le bagage d’un scribe, et se mit en devoir d’écrire. M. de Clouts lui dicta quelques lignes, toujours en allemand, puis s’arrêtant tout à coup : — Monsieur, me dit-il, ceci va entraîner beaucoup de longueurs. Il faut que j’envoie une espèce d’analyse des principales pièces de votre portefeuille. On partira tard pour Berne, il n’est pas sûr qu’on soit expédié tout de suite, ni qu’on puisse revenir demain. Vous pouvez être obligé d’attendre ici plusieurs jours, ce qui ne vous arrangerait pas. Voici ce qui vaudra beaucoup mieux. : vous étiez tout prêt à partir, vos chevaux sont mis, partez vous-même pour Berne. Vous arriverez de bonne heure, vous pourrez voir tout de suite M. le directeur-général, et après son audience repartir dès ce soir même ou au plus tard demain matin pour Neuchâtel. — Mes objections furent inutiles, cela fut arrêté ainsi, et aussitôt, d’après quelques mots allemands, le scribe prit un autre papier et écrivit sous sa dictée dans la même langue une page que M. de Clouts signa, et que je jugeai être une lettre pour le directeur à qui il faisait l’envoi de ma personne. Mes papiers furent ensuite remis dans mon portefeuille, mais on y fit une petite cérémonie. Sur un ordre de M. de Clouts, le secrétaire disparut, revint avec une chandelle allumée, tira de sa poche une ficelle, de la cire, un cachet, ferma le portefeuille, le ficela en croix, mit son cachet sur le nœud, le mit aussi à la lettre qu’il avait écrite et pliée ; tout cela fut fait dans un moment. Un second ordre le fit disparaître une seconde fois, mais il fut plus longtemps à revenir. Tout en l’attendant, M. de Clouts se mit en frais pour me prouver que ce voyage à Berne était ce qu’il y avait de plus court, de plus commode, et même de plus économique pour moi. — Vous conviendrez au moins, répondis-je, que ce qui me vaudrait encore mieux serait de partir tout de suite pour Neuchâtel. — Il lui restait une chose à m’annoncer. — Vous avez, me dit-il, une grande voiture ; il ne vous sera pas incommode d’y avoir quelqu’un avec vous. Je vais vous donner un homme qui vous accompagnera, vous introduira tout de suite à Berne dans le bureau où vous avez affaire et abrégera pour vous les formalités.

— Je ne suis pas habitué, lui répondis-je, à avoir auprès de moi quelqu’un que je ne connais pas, et je ne saurai que lui dire pendant la route.

— Elle n’est pas longue, interrompit-il, et vous n’aurez rien à