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la tête en mars, et dont la prédominance correspond nécessairement, comme il a été remarqué, aux époques des plus nombreuses conceptions. Quant aux crimes contre les mœurs, la décroissance continue : en octobre, l’attentat sur les enfans n’occupe plus que le vingt-huitième rang, et il est représenté par le chiffre 668 ; l’attentant sur les adultes est au vingt-neuvième, avec le chiffre 665 ; ces deux mêmes crimes passent aux trente-quatrième et trente-sixième rangs en novembre. En décembre, les tentatives sur les enfans sont le moins fréquent de tous les crimes ; en janvier et février, ils se tiennent à l’avant-dernier rang. En somme, le nombre des crimes commis contre les personnes est plus grand en été qu’en hiver, et celui des crimes contre les propriétés est plus grand en hiver qu’en été ; le printemps et l’automne présentent sensiblement les mêmes rapports. La statistique criminelle de l’Angleterre conduit à des résultats analogues. Voilà donc la marche annuelle de la criminalité assez nettement établie. L’homme se rend plus ou moins coupable envers la société, envers ses semblables, selon que l’état de la température allume plus ou moins ses passions, et que les circonstances qui se reproduisent périodiquement fournissent des conditions plus favorables au libre essor de ses mauvais penchans.

l’âge est un autre élément qui entre dans la statistique criminelle pour une part également constante, et sur lequel les institutions n’exercent qu’une faible action. Cette constance, de même que la répartition par saisons, tient à ce que nous avons des causes physiologiques sur lesquelles l’éducation et les lois n’ont aucun effet. La mase des crimes pourra diminuer sans doute, si le niveau de la moralité s’élève ; mais le rapport des chiffres fournis par les criminels de chaque âge demeurera à peu près identique. M. Guerry a réuni des documens qui embrassent un espace de vingt-huit ans. En France, nous trouvons de 25 à 30 ans (pour les femmes), l’infanticide au premier rang ; sur 10,000 crimes de toute nature, il est représenté par le chiffre 2,389. De 30 à 35 ans, c’est la bigamie (2,365) qui a la même place. De 35 à 40 ans, ce crime n’occupe plus que le seconde (1,892). La contrefaçon de sceaux, poinçons, etc., c’est-à-dire un crime qui indique la prédominance de la cupidité, monte alors au premier, et un autre crime de caractère semblable, la concussion et la corruption, apparaît au même rang, de 40 à 45 et de 45 à 50. En Angleterre, mêmes résultats. De 30 à 40 ans, c’est la bigamie qui domine, avec le chiffre 4,100 : mais ce crime se maintient avec le même numéro d’ordre dans les deux pays à la période suivante. Un fait digne de remarque et fort triste à confesser, parce qu’il accuse notre dépravation, c’est qu’à mesure qu’on avance dans la vie, à partir de 50 ans, on voit les attentats sur les enfans l’emporter de beaucoup en nombre sur les attentats