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pour les pays de climat analogue des variations semblables dans le chiffre de la criminalité.

C’est ce qui ressort de plusieurs des tableaux de M. Guerry. En France comme à Londres, la moyenne du chiffre des crimes pour chaque saison lui donne à peu près les mêmes résultats, et les différences qu’il observe tiennent simplement à celles qui séparent les deux contrées. Au printemps et dans l’été, on voit constamment les attentats contre les mœurs apparaître en grand nombre et prendre pour ainsi dire la tête de la longue série de crimes que nous déroulent les tableaux de M. Guerry. Par exemple, si l’on représente par 100 le nombre de viols commis en un an, on a la répartition suivante : pour l’hiver 16, pour le printemps 26, pour l’été 37, pour l’automne 21. En hiver, ce ne sont plus les actes de débauche qui reçoivent les premiers numéros de la liste de criminalité, mais les crimes qui trouvent dans la longueur des nuits et l’obscurité des jours des conditions favorables de perpétration. En Angleterre ainsi qu’en France, ce sont les vols avec violence, l’introduction dans les maisons habitées, le recel d’objets volés, l’émission ou la fabrication de fausse monnaie. Au contraire les attentats aux mœurs deviennent très rares, et pour la France, par exemple, les violences sur les enfans, qui figuraient pendant l’été au premier rang, passent en hiver au dernier.

L’influence de la marche de la température et de la longueur des jours est surtout manifeste lorsqu’au lieu de prendre les saisons en bloc, on suit mois par mois la marche de la criminalité. En mars, l’infanticide se place au premier rang : sur un total de 10,000 crimes supposés commis pendant l’année, il entre pour 1,193 ; vient ensuite le viol avec violence sur les personnes, représenté par 1,115 ; la supposition et la suppression de part ont la troisième place et le chiffre 1,019. En avril, ce dernier crime passe au premier rang ; il est représenté par le chiffre l,274. Suit l’enlèvement et le détournement de mineures, 1,054 ; au troisième rang sont les menaces par écrit et sous condition, 997. En mai, nous trouvons d’abord le vagabondage et la mendicité, 1,257 ; puis le viol et attentat à la pudeur, 1,150 ; l’empoisonnement, 1,144 ; le viol sur des enfans, 1,106. Notons que ce dernier crime, qui est ici arrivé au quatrième rang, a suivi une marche ascendante depuis mars, où il figure seulement au trente-cinquième. En avril, il est monté au dixième, et au mois de juin il arrive au second avec le chiffre 1,303 ; c’est un crime analogue, le viol et l’attentat à la pudeur sur des adultes, qui est alors au premier rang, avec un chiffre peu différent, 1,313. Le quatrième rang appartient à un autre crime connexe, l’avortement, représenté par le chiffre 1,080 ; quant au troisième rang, c’est le parricide qu’on y voit figurer pour 1,151. En juillet, voilà le viol sur les enfans arrivé