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une grande échelle pour l’artillerie, le génie, l’infanterie et les régimens de marine, ainsi que des magasins et des dépôts d’armes. Tout cela est en parfaite harmonie avec les restes d’Upnor Castle, une vieille et pittoresque tour qui enveloppe fièrement ses blessures dans un manteau de lierre. Ce château-fort, bâti par Elisabeth sur la rive opposée de la Medway, a eu l’honneur de repousser une partie de la flotte hollandaise, lorsque les vaisseaux de l’amiral de Ruyter apparurent devant les murs de Chatham. Aujourd’hui c’est à peine si ce vétéran de l’histoire se soutient lui-même sur sa base ruinée. L’école des officiers du génie fut établie à Chatham en 1812, La commission instituée en 1856 émit le vœu que le temps de la résidence dans l’école de Chatham fût prolongé de quinze mois à dix-huit mois, que des cours de géologie, de minéralogie, de chimie et de photographie fussent annexés à l’art des fortifications et des mines, que toutes ces études fussent couronnées d’un examen final, que tous les officiers du génie aujourd’hui en service pussent de temps en temps faire un séjour à Chatham pour se retremper aux sources, et rajeunir ainsi des connaissances qui se rouillent par l’inaction. Une partie seulement de ces réformes a été appliquée. Après avoir accompli leur temps de noviciat, les jeunes officiers du génie sont généralement envoyés dans quelque colonie anglaise. Les uns sortent, comme on l’a vu, de l’académie royale de Woolwich, les autres du collège militaire d’Addiscombe.

Cette dernière institution est un rameau de l’arbre des Indes. Addiscombe, sifué près de Croydon, dans le Surrey, s’élève au milieu d’un paysage d’un autre caractère que celui de Woolwich, mais encore plus fait pour plaire aux yeux. Je ferai remarquer en passant que le style sobre et chaste du paysage britannique a exercé une influence sur l’art descriptif des poètes anglais, qui (je parlé des meilleurs) ont généralement mis de la discrétion et de la retenue dans leur enthousiasme pour la nature, tandis que les poètes du midi, traitant l’indulgente nature de leurs contrées comme une courtisane, en ont trop librement soulevé tous les voiles. Addiscombe était autrefois la résidence du comte de Liverpool : en 1809, sa maison fut achetée par la compagnie des Indes pour y établir une école militaire. Les travaux de reconstruction et les bâtimens ajoutés à l’édifice primitif coûtèrent alors plus de 40,000 livres sterling. Ce collège pour l’artillerie et le génie est à l’armée des Indes ce qu’est l’académie de Woolwich à l’armée anglaise, avec cette exception que, depuis 1825, on y reçoit des jeunes gens pour le service de l’infanterie. Jusqu’à ces derniers temps, l’établissement était sous la main de l'East India Company, et se trouvait régi par une commission politique et militaire, dont l’autorité s’étendait sur tout l’état-major de la maison. Cette fière compagnie, qui faisait la paix