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la carrière du génie ; les autres entrent dans l’artillerie[1].

Le baptême de ces jeunes officiers donne lieu à une cérémonie intéressante. Le duc de Cambridge, accompagné d’un nombreux état-major, se rend deux fois par an à l’académie militaire de Woolwich. Tous les cadets sont passés en revue devant la façade du monument ; on admire l’adresse avec laquelle ces jeunes gens exécutent les évolutions et les manœuvres. Le duc entre ensuite dans une salle où a lieu un examen de vive voix sur l’art des fortifications. Ceci fait, les cadets se forment en carré, et, suivi de son état-major, le prince s’avance vers une table qui a été dressée pour la distribution des prix. Ces prix consistent en une épée d’honneur, en télescopes et instrumens de mathématiques, en livras, te président du conseil d’éducation lit alors le nom des cadets de la première classe qui doivent recevoir leur commission dans le génie et l’artillerie. Le duc de Cambridge adresse, en finissant, un discours paternel à ces jeunes gens qui vont passer des rangs de l’école dans les rangs de l’armée. Telle est en abrégé cette sorte de fête académique, à laquelle l’éclat des uniformes militaires, le rang et le nom des assistans, l’émotion heureuse des visages impriment un caractère de charme et de solennité.

Les jeunes officiers d’artillerie qui viennent d’obtenir leur commission passent généralement quelques mois à Woolwich, où ils se fortifient dans la pratique du service, et où ils restent libres de suivre les cours qui se font à la Royal Artillery Institution. On doit ce dernier établissement aux efforts individuels de quelques officiers de mérite. Depuis lors, la Royal Artillery Institution a reçu des encouragemens de l’état ; mais elle n’en pourvoit pas moins à son entretien par un système de souscriptions volontaires[2]. Comme l’artillerie ouvre un champ d’études considérables, une assez riche bibliothèque, un laboratoire de chimie, un cabinet d’histoire naturelle, — surtout de géologie, — des chaires de langues vivantes, ont été créés pour répondre aux besoins d’un temps que le progrès a rendu plus sévère.

Les jeunes officiers qui se destinent spécialement au génie militaire sont dirigés sur Chatham, où ils débutent en quelque sorte dans un état de tutelle. Chatham est une autre ville de guerre, anciennement un camp et un cimetière romains. Les grands établissemens maritimes et militaires sont situés dans un endroit qu’on nomme Brompton, à quelque distance de la ville, dont une ligne de fortifications les sépare. Là s’élèvent un arsenal, des casernes sur

  1. Les avantages attachés a la carrière du génie sont surtout des avantages pécuniaires (10 shillings et 6 pence par jour). C’est aussi le corps de l’armée qui se distingue le plus par ses lumières.
  2. Chaque membre paie une guinée par an.