Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 29.djvu/222

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

feux et de l’anéantir ; mais les 2e et 17e légers et le 59e de ligne, qui couvraient la retraite, s’immortalisèrent dans cette journée : un instant la marche de l’armée se trouva ralentie ; aussitôt le 3e chasseurs, ayant le colonel Corréard à sa tête, fit une charge des plus brillantes. L’ennemi, culbuté, sabré sur les hauteurs de Sidi-Tam-tam, paya cher sa témérité. Les Arabes abandonnèrent dès lors la poursuite, et le 30 octobre les français rentraient à Bone.

Lors de la deuxième expédition, c’est encore par une charge intrépide que s’illustra le 3e chasseurs. Sur les hauteurs du Coudiat-Aty, avec le 47e de ligne, il chassa les troupes d’Achmet du plateau qui dominait la ville. Le maréchal Valée, dans son rapport, cite la belle conduite de ce régiment. L’expédition des Portes-de-Fer, qui déchirait le honteux traité de la Tafna, lui fournit encore l’occasion de montrer sa valeur. Le 30 octobre, à l’Oued-Hamza, sous les yeux du duc d’Orléans, il exécuta une vigoureuse charge sur la cavalerie de Ben-Salem, premier lieutenant de l’émir. On le vit bientôt se signaler, sous le général Galbois, à Aïn-Babouch, chez les Aractas. Là tomba le lieutenant Lepic, digne fils d’un de nos plus braves généraux de l’empire, frappé, comme son père, dans une charge de cavalerie. Ce fut l’occasion d’une des plus heureuses razzias de nos chasseurs, qui ramenèrent à Constantine 30,000 têtes de bétail.

Transportons-nous de la province de Constantine dans celle de Bone. C’est là que le 4e chasseurs d’Afrique fut formé le 1er janvier 1840. Plus que tout autre peut-être, il offrit l’assemblage des qualités propres aux diverses fractions de ce corps. Son premier colonel, M. de Bourgon, était un de ces hommes rares dont les créations reposent sur des bases sûres que rien n’ébranle. Nulle main n’était plus propre, à donner une impulsion vigoureuse à une arme que cet énergique officier comprenait si bien. Aussi le 4e chasseurs fut brave, discipliné, d’une tenue irréprochable comme le 1er, fougueux comme le 2e, indépendant comme lui[1]. À peine formé, le 21 avril 1840, il débuta d’une manière brillante chez les Aractas. Le 13 août de la même année, le colonel Bourgon, chargeant à sa tête sur l’Hachera, fit prendre à son régiment cette belle place qu’il n’a plus quittée depuis. Enfin le 1er septembre 1840, avec le 3e, il traça l’une des plus belles pages de l’histoire des chasseurs d’Afrique. L’ennemi y sous les ordres de Hadj-Mustapha, frère de l’émir Abd-el-Kader, était venu établir son camp près de Sétif. Le colonel Levasseur sortit de cette place pour l’attaquer avec les 22e et 61e de ligne, les 3e et 4e de chasseurs. Après avoir marché pendant deux

  1. Cette indépendance était favorisée par le rôle même qu’on lui donna. Au lieu de l’attacher à la province où il était né, on le fit courir dans toutes les provinces, si bien qu’il mérita le surnom de régiment voyageur, qui lui est resté.