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la première moitié d’une laborieuse session, le ministère n’a pu soumettre aux députés les budgets de recettes et dépenses pour l’exercice prochain. Ce ne sera qu’à la rentrée des chambres, c’est-à-dire vers les derniers mois de l’année, qu’il s’acquittera de cet impérieux devoir. On peut cependant évaluer approximativement les modifications introduites dans le budget de 1860 et les charges que l’année 1861 aura à supporter. Cette appréciation est rendue plus facile par la présentation, la discussion et l’approbation d’un nouvel emprunt, récemment voté par le parlement de Turin, et par la publication des budgets partiels de la Toscane et de l’Emilie pour l’exercice courant.

Le 30 juin 1860, le ministre des finances, dans l’exposé des motifs du projet de loi pour un emprunt de 150 millions de francs, rappelait que le déficit prévu pour l’année 1860 s’élevait à environ 40 millions de francs, mais que, par suite de l’annexion de la Toscane et de l’Emilie, de nouvelles dépenses nécessaires avaient amené l’ouverture de crédits extraordinaires pour environ 33 millions, dont 23 au compte des ministères de la guerre et de la marine. À ces sommes, il faudrait ajouter pour la Toscane et l’Emilie spécialement une dépense de plus de 4 millions, ce qui porterait en définitive à près de 78 millions le déficit de l’année 1860. Pour le couvrir, il restait sur l’emprunt de 100 millions, voté en 1859, une somme disponible d’environ 55 millions 1/2, et sur l’excédant des ressources de la Toscane et de l’Emilie en 1859, un reliquat de près de 12 millions, ce qui réduirait le déficit de 1860 à environ 10 millions ; mais il faut remarquer que dans les ressources des exercices précédens figuraient des biens du domaine non encore vendus, le produit d’emprunts locaux dont on ne renouvellerait pas l’émission, et que, nonobstant la privation de ces recettes extraordinaires, des dépenses imprévues n’en seraient pas moins urgentes. Ainsi, sur le budget du ministère de la guerre, s’élevant à 170 millions, 65 millions étaient compris dans la catégorie des dépenses extraordinaires. On devait donc prévoir pour l’exercice prochain un nouveau déficit dans les recettes d’au moins 31 millions. En face du déficit de 1860, évalué à 77 millions et couvert jusqu’à concurrence de 67, mais seulement en apparence, puisque les ressources extraordinaires de la vente des domaines n’étaient pas réalisées, en face des dépenses extraordinaires de l’armée et du déficit certain de 1861, le ministère demandait au parlement l’autorisation d’émettre un nouvel emprunt de 150 millions. Seulement il ne s’agissait point d’augmenter dès à présent le montant de la dette publique, mais de pouvoir disposer de la quote-part de cette dette, qui ferait l’objet d’une revendication à exercer par suite de la cession de la Savoie et de