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et de timbre, enfin de 2 millions sur le produit des postes, en raison de l’union avec la Lombardie. En réalité, l’accroissement du budget des recettes a été obtenu par un accroissement de taxes imposées aux populations piémontaises : c’est un nouvel et important article à inscrire au débit de la guerre et de l’œuvre libératrice si courageusement poursuivie.

Ce tableau de la situation financière antérieure à l’annexion réclame, pour être complet, quelques détails sur l’état particulier des provinces appelées à faire partie du royaume de la Haute-Italie. À l’aide de renseignemens difficilement réunis, nous avons pu nous former une idée des charges qui pesaient sur ces provinces, et en nous rendant compte du contingent de forces qu’elles apportent au nouvel état, apprécier aussi les avantages qui résulteront pour elles-mêmes de l’annexion.

La Lombardie était accablée sous le poids des plus lourdes luxes. L’impôt foncier s’y élevait à 29 pour 100 en principal, et avec les centimes additionnels à 39, tandis que, dans le reste de l’Autriche, il n’était que de 16 pour 100. En 1859, et comme taxe de guerre, l’impôt foncier avait été encore accru de 33 pour 100. Les bases de l’évaluation, il est vrai, différaient sensiblement, puisque l’année 1856 avait servi de type pour la Lombardie et l’année 1824 pour les autres provinces. Un impôt personnel spécial à l’Italie fournissait un revenu de 3,900,000 lires. Le prix du sel pour la Lombardie montait à 11 florins le quintal au lieu de 5 ou 6 florins payés ailleurs ; tous les droits de consommation s’élevaient de même à un taux supérieur. Dans un rapport du ministre Krauss à la diète de Kremsier en 1848, on voit que de 1815 à 1848 l’Autriche a retiré de la Lombardie un boni de 25 millions de lires (la lire autrichienne vaut 84 centimes) en plus des frais d’occupation militaire, qui certes ne profitaient point à l’Italie. Entre toutes les mesures fiscales extraordinaires qui ont tant accru les charges des provinces transalpines, on peut, sans mentionner la participation forcée à tous les emprunts autrichiens, rappeler la taxe de 21 millions frappée par le maréchal Radetzky sur quelques citoyens de Milan et la conversion des anciennes monnaies opérée en 1859, qui fit perdre arbitrairement 3 kreutzers à toutes les pièces de 20 kreutzers. Comme la monnaie d’argent n’avait cours qu’en Lombardie, les pays italiens firent seuls les frais d’une mesure prise dans un intérêt exclusivement allemand. La refonte des monnaies autrichiennes fut, comme on le sait, le résultat des délibérations d’un congrès international chargé d’établir en Allemagne l’unité monétaire.

Puisque le gouvernement de l’Autriche avait traité ces provinces en pays conquis, il semblait que le premier bien à recueillir de leur