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compte à l’Autriche sur la partie de la dette lombarde reprise par le Piémont ; il faut y joindre le remboursement de 60 millions de dépenses militaires fait à la France en vertu du traité de Zurich. En une année, la rente 5 pour 100 seule s’est élevée de 19 1/2 à 43 millions 1/2. L’augmentation des dépenses du ministère des travaux publics a pour cause l’application à l’état de quelques travaux laissés, précédemment à la charge des communes, la réparation de dégâts occasionnés par la guerre, l’exploitation des chemins de fer et l’augmentation du matériel, le service du télégraphe et des postes en Lombardie. L’augmentation de 30 millions sur les dépenses du ministère de la guerre résulte de l’augmentation même de l’armée et d’une attribution de 15 millions votée pour construire des fortifications sur la nouvelle frontière. En résumé, le budget de la guerre (74 millions ) et celui de la marine (13 millions ) comprennent un total de 87 millions sur un budget général de 250 millions. Assurément la proportion est forte ; mais si l’on considère que cette somme représente tout ce qui concerne la défense, non-seulement des anciennes provinces, mais encore celle de.la Lombardie, peut-être trouvera-t-on qu’elle s’accorde davantage avec les résultats obtenus et le but poursuivi. Le budget du ministère des finances atteint un chiffre bien plus élevé, 110 millions sur 250, soit 42 pour 100 sur l’ensemble des dépenses. La dette afférente aux anciennes provinces y figure pour 73 millions, sans compter la dette viagère et l’intérêt de la dette flottante. Il y a douze ans, elle ne s’élevait qu’à 6 millions ; il y a trois ans, elle n’était encore que de 41. Ne nous arrêtons pas à ces rapprochemens, ils inspireraient peut-être des réflexions injustes sur les nécessités glorieuses, mais cruelles, qui ont frappé le présent et l’avenir de charges aussi lourdes.

Les recettes, on l’a vu, ont suivi une progression plus lente que les dépenses. De 1857 à 1860, elles se sont accrues de 135 à 163 millions. Malheureusement cette augmentation de plus d’un cinquième n’est point due aux progrès de la richesse publique. Sauf une plus-value de 4 millions environ dans le produit des chemins de fer, qui provient de ce que l’état a pris à sa charge l’exploitation des lignes de Turin à Cuneo et Saluces, et d’Alexandrie à Stradella, et qui est compensée par une augmentation de dépenses correspondante, l’accroissement des recettes a pour unique cause l’imposition du dixième de guerre sur les gabelles, sur les contributions directes, l’enregistrement et les domaines. La surcharge pour 1860 est de près de 4 millions sur les douanes, sel, droits maritimes, etc., de 7 millions sur l’impôt foncier, de 2 millions sur la taxe personnelle et mobilière et celle des patentes, de 1 million sur les droits d’enregistrement