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d’années d’économie, de scrupuleuse attention à conserver l’équilibre des finances qu’il avait faites si prospères, Charles-Albert ne s’est-il pas préparé à jouer le rôle que les traditions de sa maison et la généreuse ambition de son peuple n’ont cessé de tracer au souverain de la Sardaigne par rapport à l’Italie ! Pour être en mesure de reprendre utilement une pareille tâche, dix ans ininterrompus d’une administration ménagère et pacifique ne seraient pas de trop. » Ces conclusions se trouvaient motivées par l’énumération de toutes les charges que les événemens de 1848 et la guerre avec l’Autriche avaient imposées aux peuples de la Sardaigne. De 1848 à 1857, la dette publique s’était élevée de moins de 6 millions de rentes à plus de 41 millions. Les dépenses de l’état avaient cru chaque année dans des proportions faites pour inspirer les plus justes appréhensions. En 1847, elles n’étaient encore que de 119 millions ; dans le projet de budget de 1858, on les évaluait à 148. Malgré l’établissement de nouveaux impôts, tels que la contribution personnelle et mobilière, la taxe des patentes, l’impôt sur les bâtisses, les successions, même sur les voitures, en dépit aussi de l’augmentation des anciens impôts, le budget des recettes, qui de 97 millions s’était élevé à 143 en 1858, présentait sur tous les exercices un déficit considérable. On était assurément fondé, en présence d’une situation semblable, à recommander la prudence et l’économie ; mais une ressource extraordinaire qu’il n’était pas possible de comprendre parmi celles dont le gouvernement piémontais devait disposer, l’alliance française, le secours de nos armes et de notre budget, a permis de suivre une autre politique et d’atteindre plus vite un but plus élevé. Il s’agit de reconnaître dès à présent ce que cette conduite généreuse est venue ajouter de charges à celles que l’on trouvait déjà lourdes à la date précitée.

Le déficit prévu pour 1858 s’élevait à 5 millions, 148 millions de dépenses contre 143 de recettes. Par suite des dépenses extraordinaires, il a été en définitive de 14 millions. En 1859, pour parer aux 33 millions de déficit laissés par les années précédentes et à celui de l’année courante, le parlement vota, un emprunt de 40 millions. Dès le 5 février de cette même année, le ministère présenta aux chambres le budget de 1860. Les dépenses y étaient évaluées à 157 millions, dont 149 pour dépenses ordinaires, 8 pour dépenses extraordinaires, et le déficit prévu sur les recettes montait à 8 millions 1/2 ; encore n’avait-on fait figurer que pour mémoire dans le budget du ministère des finances la somme à payer pour le service de la rente et de l’amortissement d’un nouvel emprunt de 50 millions non encore négocié, mais accordé par le parlement en vue des éventualités menaçantes. Déjà les budgets spéciaux de chaque ministè