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POLITIQUE EXTERIEURE
DE LA FRANCE

L’Empire et l’Angleterre, par M. A. Dechamps. — II. L’Angleterre, la France et la Guerre, par M. le comte Du Hamel. — III. La Nouvelle Carte d’Europe, par M. Auteur:Edmond About

I.

La France est échue au gouvernement actuel dans une situation qui différait en tout de celle où l’avaient trouvée les gouvernemens précédens. Au dedans, elle était dominée par un sentiment de lassitude et de découragement qui ne la laissait plus aspirer qu’au repos. L’ordre matériel et le développement énergique de l’autorité semblaient seuls l’objet de ses vœux ; tout le reste n’était que luxe dangereux pour les nations : dispositions assurément fort nouvelles pour la nôtre, et qui devaient étonner les hommes de 1830, ceux même de 1815. Au dehors, la scène était peut-être plus changée encore, quoique le changement fût moins apparent. Les événemens de 1848 avaient brisé les derniers anneaux de l’alliance célèbre sous le titre de sainte, nom adouci et pacifique de l’ancienne coalition. L’Europe avait commencé à se décomposer ; les querelles de l’unité et de l’hégémonie germaniques avaient jeté un levain de discorde durable entre l’Autriche et la Prusse. L’une des deux avait contracté envers la Russie des obligations qui ne lui laissaient que jalousie et ressentiment. L’empereur Nicolas, plus favorable, en sa qualité d’absolutiste, aux gouvernemens révolutionnaires qu’aux monarchies constitutionnelles, avait pardonné à la France 1830 en faveur de 1848.