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assez vives, qui n’ont guère avancé la question. La Prusse a fini pourtant par s’adoucir un peu dans une récente communication ; elle discute, elle discutera longtemps encore, et l’on en sera toujours à attendre une solution qui ne vient pas.

Il ne serait peut-être pas inutile, au point de vue même de la situation générale de l’Europe, d’observer les faits qui peuvent donner la mesure des dispositions des principales puissances vis-à-vis de l’Allemagne et du Danemark. Sous ce rapport, le changement tout récent du ministre résident d’Angleterre à Hambourg n’est pas sans importance. L’ancien ministre anglais, le colonel Hodges, avait joué un certain rôle comme médiateur, en 1848, dans l’insurrection du Slesvig, et, sans laisser voir aucune espèce d’inclination danoise, il avait montré de l’impartialité. Le nouveau ministre, M. Ward, était consul-général à Leipzig. Il a vécu longtemps au milieu de l’Allemagne, et paraît être fort imbu des idées allemandes. Déjà, il y a deux ans, il remplit dans le Slesvig une mission d’observation, et il passe pour avoir transmis à son gouvernement les impressions qu’il avait reçues lui-même du parti holsteinois. Il n’est donc pas impossible que ce petit changement de personnes, sans importance politique apparente, signifie que la politique anglaise se rapproche de la Prusse sur ce point comme sur d’autres, et au besoin ferait bon marché des intérêts danois. Pendant ce temps, un air de bonne amitié et de cordialité circule dans les royaumes du Nord. Le roi de Danemark Frédéric VII et le nouveau roi de Suède Charles XV échangent des témoignages de sympathie et se visitent réciproquement. Les deux princes ont les mêmes goûts et se plaisent fort ensemble ; ils aiment et recherchent la popularité. Après la mort du roi Oscar, le roi Frédéric se rendit en personne à Stockholm. Le roi Charles XV, à son tour, est allé voir le souverain danois au château de Kronborg, près d’Elseneur. Depuis, ces visites se sont renouvelées encore. Récemment le roi Frédéric VII est allé passer quelques jours en Scanie, au camp de la Bruyère de Bonarp, où les deux princes paraissent s’être comblés d’attentions mutuelles. Ces entrevues pleines de cordialité, même sans avoir eu un but ou un caractère politique immédiat, ne peuvent que resserrer les liens des deux pays par les bons rapports des deux rois et être une garantie de plus pour l’avenir des états Scandinaves.

Des fêtes occupent les esprits en Suède et en Norvège. C’était, il y a deux mois, le couronnement du nouveau roi Charles XV à Stockholm ; en ce moment même peut-être a lieu son couronnement en Norvège, à Throndhiem. Cette dernière cérémonie ne sera pas sans importance politique, venant après les discussions qui se sont élevées cet hiver entre les deux royaumes-unis. Charles-Jean (Bernadotte) est le seul roi qui depuis 1814 jusqu’à ce jour se soit fait couronner en Norvège ; encore dut-il subir mille contrarié, tés. Oscar, son fils, ne trouva pas la chose plus facile. Tantôt c’était l’évêque de Throndhiem qui ne consentait pas à couronner une reine catholique, tantô