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bassin on produit le courant sur les couches supérieures du liquide, le contre-courant s’établira en sens contraire entre les couches inférieures. Appliquons cette donnée à la mer et supposons pour un instant le soleil immobile au-dessus de l’équateur. Les couches d’eau situées au-dessous du soleil s’échaufferont progressivement en raison inverse de leur profondeur. Les molécules de la surface, plus directement exposées aux rayons solaires, seront réduites en vapeurs ; puis, aspirées sous forme de nuages, elles s’élèveront dans l’atmosphère jusqu’à ce qu’elles rencontrent des couches d’égale pesanteur ; alors l’eau vaporisée sera immédiatement remplacée par des molécules liquides moins échauffées qui formeront une couche d’eau chaude à la surface de la mer. Il se superposera donc au-dessous du soleil quatre couches disposées de bas en haut dans l’ordre suivant : une couche d’eau froide, une couche d’eau chaude, une couche d’air humide contenant les nuages, enfin une couche plus légère d’air sec. Les eaux chaudes, attirées vers le pôle par le vide que détermine la condensation des vapeurs, se refroidiront au contact des glaces, dont elles feront fondre le pourtour ; rendues plus pesantes par ce refroidissement, elles formeront au-dessous du courant d’eau chaude un contre-courant d’eau froide qui, partant du pôle, viendra remplir le vide que produit dans les mers équatoriales l’ascension des molécules échauffées par le soleil. Le courant d’air humide qui contient les nuages et constitue la couche inférieure de l’atmosphère sera également attiré vers le pôle, où il se débarrassera des vapeurs aspirées dans la zone torride, puis, devenu plus léger à raison de la précipitation sur le pôle des molécules aqueuses dont il était chargé il s’élèvera dans les couches supérieures de l’atmosphère et se transformera ainsi en un contre-courant de vents secs, qui viendront vers l’équateur aspirer de nouvelles vapeurs pour les transporter encore vers les pôles.

Le mouvement dont ces courans sont animés ne se fait pas sentir dans toute la profondeur des mers. Entre la partie solide du globe qui constitue le fond de l’Océan et le courant des eaux froides, il existe une couche immobile que le lieutenant Maury nomme les eaux bleues. C’est là que viennent tranquillement se déposer tous les coquillages, toutes les matières calcaires entraînées par les courans supérieurs, ainsi que les détritus arrachés par les fleuves et les rivières à la surface des continens ; or ce sont ces dépôts, remarque M. Adhémar, qui formeront plus tard les couches géologiques, lorsque les eaux qui les couvrent actuellement seront transportées sur l’hémisphère opposé. Il y a de même au-dessus des vents secs qui reviennent du pôle une couche d’air immobile très élevée qui ne participe point à l’agitation des courans.