Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 28.djvu/648

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’excentricité de l’orbite solaire et de la loi de proportionnalité des aires parcourues au temps mis à les parcourir. Donc, suivant que le périgée aura lieu au solstice d’hiver ou à celui d’été, ce sera la somme des jours de l’été et du printemps, ou celle des jours de l’automne et de l’hiver qui l’emportera sur l’autre. Par conséquent, les variations de durée totale des saisons sont liées à la précession des équinoxes et au déplacement du grand axe de notre orbite. Or, dans la position et la forme qu’offre aujourd’hui l’orbite terrestre, la durée totale du printemps et de l’été surpasse de près de huit jours la durée totale de l’automne et de l’hiver. On voit qu’il n’en fut pas toujours ainsi, et c’est seulement en se reportant en arrière, à des époques séparées les unes des autres de vingt et un mille ans, qu’on retrouvera exactement le même fait.

Cette inégalité entre les sommes de deux saisons consécutives a lieu pour l’hémisphère boréal ; mais, dans l’hémisphère austral, le rapport n’est plus le même, puisque l’hiver et l’automne y correspondent en réalité à l’été et au printemps. Si le globe ne doit sa chaleur qu’à celle qu’il reçoit directement du soleil, il faut que l’hémisphère austral soit moins chaud que le boréal, puisque les saisons qui représentent le printemps et l’été comprennent une période de temps plus courte que les époques de l’année équivalentes dans notre hémisphère, et que la somme des temps durant lesquels les jours dépassent en longueur les nuits est inférieure pour l’hémisphère méridional à ce qu’elle est pour l’hémisphère opposé. Les relations entre les quantités totales de chaleur reçues au bout de l’année par les deux hémisphères doivent donc varier en raison de la précession des équinoxes et du déplacement du grand axe de l’orbite terrestre : c’est dans ces variations que M. Adhémar voit la cause des révolutions qu’a traversées notre globe.

Sans doute on faisait déjà jouer à la température un rôle considérable dans ces révolutions. Un des plus savans géologistes de nos jours, M. Élie de Beaumont, avait dès 1829 émis l’opinion qu’elles sont dues au refroidissement de la terre ; mais cette intervention du calorique était rapportée à l’action du feu central et non aux rayons solaires. L’auteur de la nouvelle théorie ne se préoccupe pas de ce foyer intérieur, dont il limite singulièrement les effets. Pour lui, presque tout tient à la différence qui existe entre les quantités de chaleur respectives reçues par les deux hémisphères. Cette différence n’était point restée inaperçue avant lui ; mais on admettait une compensation : quelle que fût l’ellipticité de l’orbite terrestre, assurait-on, la proximité du soleil compensait exactement l’effet de la plus grande rapidité du mouvement de notre planète. C’est là un théorème auquel M. Adhémar refuse de souscrire. De ce que les deux