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plus près de l’équateur, elle arrive dans des régions où la vitesse rotative de la terre est supérieure à la sienne ; il en résulte que ce courant polaire avance plus lentement vers l’orient que les points de la surface du globe qui sont au-dessous de lui, et paraît ainsi, pour un observateur placé sur la terre, se mouvoir d’orient en occident. Si j’ai bien expliqué ce phénomène, on comprendra que tous les vents qui viennent du pôle nord et se dirigent vers l’équateur sont, par suite du mouvement même de la planète, déviés de plus en plus vers l’ouest, et tendent ainsi graduellement à se convertir en vents d’est. Ainsi, quand un courant polaire s’établit dans l’atmosphère, on le voit venir d’abord du nord, puis du nord-est, enfin de l’est. En comparant la rose des vents à une horloge, on*peut dire que le vent tourne du nord à l’est dans le même sens que les aiguilles. — Si maintenant, au lieu d’un courant polaire, il s’agit d’un courant équatorial ou parti de l’équateur, il montera d’abord, je suppose, directement vers le nord ; mais, pénétrant dans des latitudes où la vitesse du mouvement de la surface terrestre s’atténue de plus en plus, le courant, qui conserve sa vitesse rotative, ira plus vite vers l’orient que les parties de la terre qu’il dominera. L’air paraîtra donc venir du côté de l’occident, et s’infléchira de plus en plus dans cette direction. Les vents du sud ont donc une tendance naturelle à tourner vers l’ouest, et entre ces deux points cardinaux le vent se meut encore dans le même sens qu’entre le nord et l’est, comme une aiguille d’horloge, pour rester fidèle à ma comparaison.

Tous les courans aériens ont pour origine une différence de température dans les diverses parties de l’atmosphère. Considérons par exemple une île entourée par l’océan : dans la journée, la surface solide de l’île s’échauffe plus vite que le miroir des eaux ; au-dessus du sol, l’air, de plus en plus léger, montera dans les parties hautes de l’atmosphère, et sera remplacé à mesure par de l’air des régions marines environnantes. Cet appel d’air n’est autre chose que ce que l’on nomme la brise de mer. La nuit, un phénomène inverse a lieu ; l’île se refroidira plus vite que la mer, et l’air, se mouvant en sens inverse, formera la brise de terre. Agrandissons ces phénomènes : au lieu d’être quotidiens et locaux, qu’ils se produisent sur les grandes masses terrestres du continent asiatique et sur l’Océan-Indien, qui les environne ; les brises de mer et de terre vont devenir ce que les marins nomment les moussons, vents qui soufflent une partie de l’année du côté des terres brûlantes de l’intérieur de l’Asie, l’autre partie de l’année en sens opposé. Enfin prenons pour théâtre du phénomène la terre entière, et nous comprendrons pourquoi, la planète étant sans cesse échauffée sous les tropiques et refroidie aux pôles, deux courans atmosphériques fondamentaux et permanens doivent s’établir, l’un poussant l’air refroidi vers l’équateur,