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être rédigé à peu près aussi promptement que l’était le compte-rendu des séances des chambres dans l’ancien Moniteur ? Ce n’est pas là assurément qu’est la difficulté.

Le président du corps législatif pourrait-il autoriser les journaux à ne prendre qu’une partie de la discussion ? La constitution, dans son article 42, n’a voulu interdire aux journaux que le compte-rendu partial et souvent dérisoire qu’ils faisaient eux-mêmes. Elle a voulu que ce compte-rendu fût impartial, et c’est pour cela qu’elle a exigé qu’il se fît à l’aide de la reproduction du procès-verbal officiel. Elle n’a pas dit que cette reproduction devrait être entière et complète : je crois que c’était là son intention ; mais ce n’est pas son expression, et le président du corps législatif, qui règle le mode de communication du compte-rendu aux journaux, peut, s’il le veut, permettre à ces journaux de choisir dans ce compte-rendu les discours qu’ils voudront publier. L’impartialité dans le choix et le nombre des discours prononcés pour ou contre la loi sera une des conditions de la faculté de choisir dans le compte-rendu, et cette condition sera d’autant mieux remplie, qu’elle aura été prescrite par un arbitre tout-puissant. Grâce à cette facilité d’abréger le compte-rendu sans l’altérer, les journaux mettront plus fréquemment le corps législatif en communication avec le public. Tout le monde y gagnera : le public, dont l’opinion se formera d’après la discussion parlementaire ; le corps législatif, qui trouvera dans cette publicité presque quotidienne une activité et une autorité nouvelles ; la constitution elle-même, qui, étant plus visiblement pratiquée, sera mieux comprise ; les journaux enfin, dont les réflexions, se rapportant aux discussions des corps délibérans, auront plus de gravité et plus d’à-propos.

Les comptes-rendus du corps législatif sont très bien faits : il ne leur manque peut-être que d’exprimer les divers mouvemens de l’assemblée, les approbations, les interruptions, les marques d’adhésion. Les comptes-rendus du sénat ont ces mouvemens de séance ; ceux du corps législatif peuvent les avoir, si le président autorise les secrétaires de l’assemblée à noter ces émotions.

Je suis persuadé que l’usage introduira prochainement les très petites innovations que j’indique. Déjà, depuis cette session, les discussions du corps législatif ont plus occupé l’attention publique qu’elles ne faisaient jusqu’ici. C’est donc le moment d’entrer plus hardiment dans la voie de la publicité presque quotidienne.