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grand-recteur, auquel des listes seraient présentées par les sections d’un institut scientifique qu’on créerait facilement en Italie par quelques modifications introduites dans les règlemens de la Société italienne fondée par le comte Lorgnia, et plus généralement connue sous le nom de Société des XL. Les membres de la Société italienne des Sciences devraient se réunir une fois par an dans une des villes principales du royaume, et pendant cette réunion le grand-recteur, leur soumettrait la liste des places de professeurs vacantes pour qu’ils eussent à présenter des candidats. C’est à dessein que dans cette organisation à élaborer pour l’instruction publique, je ne dis rien des beaux-arts ; il est reconnu aujourd’hui qu’en cette matière les gouvernemens ne peuvent rien : ils ont tort de s’en mêler autrement qu’en laissant à la couronne le soin de distinguer les œuvres d’un mérite supérieur.

Je pourrais continuer cet examen et montrer d’autres avantages considérables que trouverait l’état à s’exonérer le plus possible à laisser agir partout l’initiative libre des citoyens, les intérêts locaux ou privés, notamment en ce qui touche les entreprises industrielles et les travaux publics. Il est très douteux qu’il soit utile pour l’état de conserver soit en son nom propre, soit sous la forme mixte, qu’on a adoptée, les exploitations de mines, de grandes fermes, de chemins de fer, au lieu de céder tout cela à l’industrie privée. En un mot, ce que je demande, on le voit, c’est la décentralisation la plus étendue possible de l’administration et de tous les intérêts.

Mais, dira-t-on, le moment est-il venu de substituer ce système de liberté universelle à l’organisation administrative que les gouvernemens absolus ont laissée après eux dans les diverses provinces ? Lorsque le nouveau royaume est à peine formé et a bien des luttes à soutenir encore pour fonder définitivement sa constitution nationale, n’y aurait-il pas une singulière imprudence à entrer dans une voie où on risquerait de transformer le pays en une agglomération de petites républiques ? C’est l’objection qui se présente naturellement et que j’ai moi-même indiquée déjà. Je répondrai que la liberté est le meilleur moyen de créer une force réelle et efficace, de favoriser une union véritable et sincère. Les provinces seront les premières à reconnaître l’avantage de laisser au roi et au parlement la direction de tout ce qui intéresse l’indépendance et la constitution nationales, en se réservant uniquement à elles-mêmes l’administration de leurs propres affaires. Si nous voulons fonder quelque chose de solide et de durable qui soit à l’abri des reviremens, toujours à redouter chez les peuples méridionaux lorsque l’heure du danger est passée, il nous faut montrer dès aujourd’hui que nous sommes aptes à toutes les conditions d’un régime vraiment libéral, que notre organisation définitive doit reposer non sur la subordination des forces et des caractères des différera peuples de la péninsule, mais sur le plein et libre développement de ces forces et de ces génies divers.

Il n’est point à craindre que la décentralisation administrative soit le signal de la résurrection de petites républiques provinciales. D’abord, en fait