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rivalités aigries par de récens dépits. Nous avons, il y a plus d’un mois, signalé en Allemagne les symptômes qui annonçaient un rapprochement entre la Prusse et les états secondaires, lequel ne pouvait être que l’avant-coureur d’un rapprochement entre la Prusse et l’Autriche. On sait que, dans l’état actuel de la confédération germanique, tout est désordre, et tout devient impossible lorsque les questions portées à la diète n’ont pas été résolues dans une entente préalable par l’Autriche et la Prusse. La Prusse et l’Autriche étant divisées, une guerre intestine avait paralysé cette année l’action fédérale. L’idée de réunir les princes allemands et de rétablir dans une conférence de souverains un meilleur accord au sein de la confédération est due au roi Maximilien de Bavière. Ce prince, uni au même degré par des liens de parenté aux cours d’Autriche et de Prusse, appelé d’ailleurs naturellement par la position de la Bavière, qui est le plus considérable des états secondaires, au rôle de médiateur entre les deux grandes puissances, sentait vivement la nécessité de mettre fin à une scission qui enrayait l’action de la confédération, et qui morcelait et affaiblissait l’Allemagne en face des problèmes et des périls que présente la situation de l’Europe. La conférence des princes allemands qui s’étaient donné rendez-vous à Bade ne devait d’abord se composer que du prince-régent de Prusse, des rois de Bavière et de Wurtemberg, des grands-ducs de Bade et de Hesse-Darmstadt. Plus tard, lorsque l’empereur des Français eut fait connaître l’intention de se rendre à Bade, la conférence s’élargit : les rois de Saxe et de Hanovre, le grand-duc de Weimar, les ducs de Cobourg et de Nassau furent invités à y prendre part.

L’entrevue de l’empereur et des souverains allemands a donné à la conférence de Bade un relief européen. Pour le moment, nous ne nous occupons que de l’objet purement allemand et pour ainsi dire domestique de la réunion. Parmi les questions de cet ordre sur lesquelles devaient porter les délibérations des souverains, la première et la plus urgente était celle des réformes qu’il y a lieu d’opérer dans l’organisation militaire de la confédération. Cette question s’agitait depuis quelque temps dans la diète. La Prusse avait essayé de la résoudre en proposant de mettre de côté le commandement fédéral en temps de guerre et d’incorporer les contingens dans les armées de la Prusse et de l’Autriche. Ce plan n’avait pas seulement soulevé l’opposition la plus vive au sein des états secondaires ; l’Autriche elle-même le repoussait. Le cabinet de Vienne avait exposé les motifs de son refus dans un mémoire auquel il a été répondu d’un l’on assez aigre par une note prussienne du 2 juin. Il s’agissait donc de trouver un moyen terme pour rapprocher les opinions extrêmes. On savait que le roi de Wurtemberg était celui des souverains qui inclinait le plus vers la proposition prussienne sans toutefois l’admettre entièrement. Les paroles prononcées à Bade par ce prince dans la conférence du 18 juin nous ont appris que les états secondaires ont élaboré un projet destiné à concilier les vues divergentes. D’un autre côté, le