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et presque exclusivement par celles qui cultivent, en vue de l’industrie, d’immenses champs de betteraves.

Il ne suffit pas toujours de préparer le sol d’une manière convenable et de lui confier la graine ou le plant qui doit s’y développer ; certains végétaux exigent encore, pendant le cours de leur vie, des soins particuliers qui peuvent quelquefois leur être donnés mécaniquement. S’agit-il par exemple de sarcler des plantes mises en ligne : au lieu de faire nettoyer le sol par des ouvriers armés d’outils tranchans, on attelle un cheval à une sorte de scarificateur ou d’extirpateur dont les dents reçoivent diverses formes et dont le bâti, grâce à des charnières, s’élargit ou se rétrécit à volonté. C’est la houe à cheval (bineur), qui remplace dans la grande culture une armée de sarcleurs ou de sarcleuses dont les salaires auraient absorbé tout le profit du fermier. On conçoit que cet indispensable instrument se prête à une foule de modifications, dont plusieurs sont souvent commandées par la nature du sol, dont plusieurs autres sont d’une utilité contestable. Il faut hésiter à employer les bineurs, dont les couteaux, adaptés à un bâti fixe et rigide, ne se prêtent pas aux différences d’écartement qui peuvent se présenter dans les lignes à sarcler. Nous avons revu à l’exposition de 1860 d’ingénieux appareils qui, pour opérer plus vite, embrassent à la fois un certain nombre de lignes. Les couteaux peuvent, à l’aide de vis de pression, être fixés à des points variables ; mais combien y a-t-il, dans la pratique agricole de notre pays, d’exploitations dirigées avec une coquetterie telle que les plantations se trouvent toujours mathématiquement espacées ? Croit-on vraiment ces houes immenses admissibles ailleurs que dans les pays bien plats, dans les sols très doux et parfaitement épierrés, dans les champs libres de tous arbres, dans les cultures parfaites au point de ressembler au jardinage, et sous la main de conducteurs attentifs et adroits ? Tout cela se trouve quelquefois réuni, trop rarement néanmoins pour que la simple houe à charnières ne soit pas encore longtemps la plus utile et la plus répandue.

Après avoir été débarrassées des mauvaises herbes qui en gênaient la croissance, les plantes cultivées en ligne ont souvent besoin d’être renchaussées, c’est-à-dire recouvertes au pied par une butte de terre. Une charrue dont on peut régler l’écartement, grâce à deux versoirs mobiles, accomplira économiquement ce travail. S’il faut au contraire tracer dans un champ ou dans un pré une rigole assez profonde et assez carrément ouverte pour servir à l’irrigation, on a recours à une charrue, sur laquelle s’adapteront deux coutres destinés à couper la terre à droite et à gauche à une distance suffisante.