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sages avances devant lesquelles ne doit jamais reculer un cultivateur qui en comprend l’utilité et qui les peut faire.

On le voit, la charrue se prête, en subissant quelques modifications, à un nombre de travaux assez considérable. Cependant la charrue ordinaire est, dans nos campagnes, un instrument des plus simples. Elle sert, en remuant tant bien que mal le sol et en l’ameublissant, à rendre le terrain perméable à la chaleur, à l’humidité, à tous les agens atmosphériques qui doivent l’améliorer, elle permet ainsi aux racines de le pénétrer ; elle sert à enfouir les fumiers, à mélanger aux couches arables les amendemens qu’on leur donne, à couvrir les graines semées, à détruire les plantes qu’on veut faire disparaître. Aussi est-ce avec bonheur que nous constatons de notables progrès dans la construction de cette utile machine. Au lieu de percer, comme on le faisait toujours autrefois, l’âge de la charrue (et par conséquent de l’affaiblir) pour y fixer son coutre. on a multiplié l’usage des coutelières excentriques et des étriers américains qui laissent à l’âge toute sa force ; au lieu de versoirs dessinés au hasard, on a plus exactement rappelé la forme hélicoïde, dont les courbes imposent à la terre soulevée une révolution plus complète ; on a donné aux mancherons une longueur suffisante pour que ces leviers puissent agir avec plus d’énergie, par conséquent diminuer la fatigue du laboureur ; on a su quelquefois armer le soc d’une pointe mobile qui procure dans l’usure de cet organe une économie notable ; on a donné aux régulateurs des araires et aux avant-trains des charrues une disposition plus logique ; on a renoncé aux excès de poids qui augmentaient le tirage, et aux excès de légèreté qui compromettaient la solidité et la marche des instrumens. Peut-être, par suite de l’engouement pour tout ce qui vient de l’autre côté du détroit, essaie-t-on d’allonger démesurément les versoirs, ce qui augmente les frottemens et nuit à l’action gratuite des agens atmosphériques en lissant davantage la terre ; peut-être encore oublie-t-on un peu trop que le fer coûte ordinairement aux cultivateurs plus cher que le bois. Malgré ces réserves, il faut constater de grands et heureux progrès.

La charrue est-elle trop faible pour ameublir le sol à une profondeur convenable, on peut utiliser les piocheuses ou défonceuses. Ces nouveaux engins sont de fortes roues armées sur leurs jantes de dents recourbées qui entrent en terre de toute leur longueur et qui, sous le mouvement de rotation de l’appareil, produisent un profond déchirement, comme la charrue sous-sol, avec plus d’énergie, mais aussi avec des frais d’attelage beaucoup plus considérables. Cette action doit-elle au contraire rester superficielle, on a recours aux herses, aux scarificateurs, griffons, cultivateurs, extirpateurs ou déchaumeurs, etc. : c’est tout au plus si la multiplicité