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considérable, ils exigent des constructions spéciales et coûteuses, et, sinon la constante surveillance d’un mécanicien, au moins de délicates et fréquentes réparations. Aussi le nombre d’exploitations auxquelles convient ce surcroît de forces, — je dis surcroît parce qu’il n’est pas de ferme qui puisse se passer de moteurs animés, bœufs ou chevaux, — est-il rare en France, plus rare qu’en Angleterre. Nos cultivateurs travaillent ordinairement sur de trop petites étendues et avec des procédés trop simples et trop peu actifs pour qu’un manège desservi par les bestiaux de la ferme ne suffise pas presque partout aux besoins urgens. Les établissemens agricoles qui peuvent déjà utilement installer, à côté de leurs écuries, un moteur inanimé sont encore l’exception. Néanmoins on doit être convaincu que cette exception s’accroîtra d’autant plus que les procédés de culture deviendront meilleurs. Là où on engraisse pendant la mauvaise saison des bœufs qui ont travaillé tout le reste de l’année, là où on laboure avec des jumens poulinières de valeur, là où les champs sont presque aussi facilement abordables l’hiver que l’été, il peut y avoir avantage à ne pas se servir des attelages à l’intérieur, à les réserver exclusivement pour les travaux du dehors. C’est à chaque fermier qu’il appartient de calculer quel bénéfice lui procurerait une combinaison qui du reste n’est possible ni dans les contrées où ne coulent pas des cours d’eau suffisans, ni dans celles où ne se trouvent pas un combustible convenable, un chauffeur assez intelligent pour surveiller et entretenir la machine, et un mécanicien assez habile pour réparer les avaries inévitables aussitôt qu’elles se produisent.

Quand une machine destinée à transmettre la force obéit, non plus à un moteur inanimé, mais à un moteur animé, cette machine porte le nom de manège. Qu’il s’agisse de manèges ou de machines à vapeur, une nouvelle question doit encore être soulevée. Les établira-t-on d’une manière fixe, ou bien au contraire les adoptera-t-on locomobiles ? Dans les machines à vapeur fixes, le danger, le prix, la consommation du combustible, l’usure, tout est moindre. Les manèges fixes sont un peu plus simples, un peu plus solides que les manèges portatifs ; ces derniers toutefois ainsi que les machines locomobiles se prêtent au transport de la force, soit dans les fermes voisines, soit sur les diverses parties de la même exploitation. Les mérites des uns ne sont pas conciliables, on le voit, avec les mérites des autres : il faut donc, pour le choix à faire, consulter ses propres besoins et les conditions dans lesquelles on opère.

Le concours de 1860 dénote, ce que du reste l’on savait déjà, une fabrication plus parfaite, un emploi plus grand du fer et une intervention beaucoup plus fréquente de la vapeur dans les appareils destinés à l’industrie agricole. Chaque jour on demande à cette