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LES SALAIRES
ET
LES MACHINES AGRICOLES
A PROPOS DE L'EXPOSITION DE 1860.

Jamais les expositions d’instrumens agricoles n’avaient offert un aussi grand intérêt d’opportunité que de nos jours. Tout le monde s’inquiète du manque de bras dans nos campagnes. Les fermiers, les propriétaires, les comices, les chambres d’agriculture, les conseils-généraux font entendre à ce sujet un concert unanime de doléances. Comment donc mieux répondre à ces justes plaintes qu’en offrant au public le spectacle des efforts que fait l’industrie humaine pour multiplier et perfectionner les machines destinées à suppléer au déficit des bras ? Peut-être d’ailleurs le travail agricole ainsi modifié, et retrouvant des conditions de prospérité sérieuses, rappellera-t-il vers les champs quelques-uns de ceux qui, ouvriers et propriétaires, s’en éloignent aujourd’hui. Pour le moment, il est un fait certain : c’est que le mal est de plus en plus grave. La situation de l’agriculture en 1859 a été plus pénible qu’en 1858, et la récolte de 1860 ne peut être préservée de la crise qui nous menace que par l’emploi sauveur des machines nouvelles. Telle est, quoi qu’en puissent dire des esprits enclins à l’optimisme par position ou par nature, l’exacte vérité. Il y a danger en la demeure : danger pour l’avenir de notre agriculture, parce que ses justes intérêts sont en souffrance ; danger pour la richesse nationale, parce que les fortunes subites, factices et éphémères, qui se font quelquefois ailleurs, mais qui ne s’enlèvent pas aussi vite dans les champs, excitent