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chargés de convenir avec les représentans norvégiens des modifications à faire à la constitution d’Eidsvold. Bernadotte leur avait donné les plus larges instructions. « Il me semble imprudent, écrivait-il à Charles XIII, de braver les préjugés nationaux pour obtenir dès maintenant un accroissement de prérogatives dont le storthing ne pourra manquer de reconnaître dans l’avenir la nécessité… Les petits sacrifices que nous pouvons être obligés de faire pour le moment ne me semblent pas mériter qu’on retarde l’accomplissement de l’union. Nous devons employer tous les moyens pour l’achever au plus vite, afin de nous trouver assurés à temps contre les orages qui paraissent menacer l’Europe. » Les commissaires avaient rencontré partout d’abord le plus froid accueil et subi même plus d’une humiliation. Le comité nommé par le storthing pour conférer avec eux sur les modifications que devait subir la charte du 17 mai 1814 amenda leur projet et exigea d’eux de nouvelles concessions. Enfin, l’union avec la Suède ayant été proclamée par le storthing, la constitution nouvelle fut acceptée par l’assemblée norvégienne et par les commissaires suédois le 4 novembre. Alors seulement et le même jour, Charles XIII fut élu roi de Norvège ; le 10, le prince royal de Suède, au nom du roi, sanctionna la constitution.

Cette constitution a pour titre réel et officiel : « Loi fondamentale du royaume de Norvège, donnée dans l’assemblée d’Eidsvold le 17 mai 1814, arrêtée ensuite, à l’occasion de la réunion des royaumes de Norvège et de Suède, dans le storthing extraordinaire de Norvège à Christiania, et adoptée le 4 novembre 1814. » Le préambule dit ensuite expressément :


« Nous, représentans du royaume de Norvège, après avoir résolu que ce royaume serait désormais, comme royaume indépendant, uni au royaume de Suède sous un seul et même roi, mais en conservant sa constitution, sauf les changemens rendus nécessaires par cette union, avons pris ces changemens en mûre considération et en avons délibéré avec les commissaires royaux nommés à cet effet, conformément à la convention de Moss du 14 août dernier, et avons arrêté et arrêtons qu’au lieu de la constitution donnée par l’assemblée d’Eidsvold le 17 mai de cette année, les dispositions suivantes, en partie basées sur elle, en partie adoptées à cause de l’union, vaudront dorénavant comme constitution du royaume de Norvège… »


Il faut avouer que cette fois encore les textes ne sont pas clairs. D’une part, il est dit que la constitution d’Eidsvold est expressément conservée ; d’autre part, il est déclaré que certaines dispositions vaudront comme loi au lieu de cette constitution. Il est évident que la constitution du 4 novembre n’est absolument que la constitution d’Eidsvold amendée ; on verra cependant plus tard le roi de Suède