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V.


L’ASSEMBLÉE


Vielles et cornemuse en chœur
Retentissent dans la vallée ;
Le vent porte sur la hauteur
Les joyeux bruits de l’assemblée.
On ne voit par les sentiers verts
Que fillettes aux coiffes blanches
Et garçons rayonnans et fiers
Dans leurs habits des dimanches.

On danse à l’abri des tilleuls,
En face de la vieille église :
— En avant, les cavaliers seuls !
Crie un vielleur à barbe grise. —
Et tandis que sur les tréteaux
L’orchestre s’essouffle et s’enroue,
La contredanse sans repos
Se dénoue et se renoue.

Une auberge sous les noyers
Se dresse, bourdonnante et pleine.
Là sont venus les métayers
Louer pâtres et gens de peine.
À flots coule le vin vermeil,
Le meilleur vin de l’hôtelière ;
On voit scintiller au soleil
Des rubis dans chaque verre.

Les gars qui veulent se gager
Pour la saison ou pour l’année,
Vigneron, faucheur ou berger,
Moissonneur, homme de journée,
Passent tous sourians et forts
Devant la porte au large ouverte ;
Tous à leurs chapeaux aux grands bords
Ont mis une branche verte.

Cet emblème parle pour eux.
Il dit, ce frais brin de feuillage :
« Voyez, j’ai des bras vigoureux,
Je suis plein de cœur à l’ouvrage.