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Qui toujours recommence.
Grives, pinsons, linots,
Merles et loriots,
Répondent en cadence.

O pénétrante voix
De la saison bénie !
Partout vibre à la fois
La tendre symphonie ;
Tout s’égaie aux entours.
Les bois sont pleins d’amours,
De fleurs et d’harmonie.

Mais dans la profondeur
Du taillis qui bourdonne,
Comme un écho pleureur,
Une note résonne :
Du coucou désolé
C’est l’appel redoublé,
La plainte monotone.

Quand les nids en émoi
Tressaillent d’allégresse,
Savez-vous, dites-moi,
Pourquoi cette tristesse ?
Pourquoi ce long soupir
Qui semble toujours fuir,
Et qui revient sans cesse ?…

Des saisons d’autrefois
Et des morts qu’on oublie,
Mes amis, c’est la voix
Dans l’ombre ensevelie ;
Au soleil, à l’air bleu,
Elle envoie un adieu
Plein de mélancolie.

Elle dit : « Rameaux verts,
Songez aux feuilles sèches !
Blondes filles aux chairs
Roses comme les pêches,
Amoureux de vingt ans,
Enivrés de printemps,
Songez aux tombes fraîches ! »