Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 27.djvu/994

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Vient-elle des îles qu’arrose
La mer de Grèce aux tièdes eaux,
Ou, plante rare, est-elle éclose
Dans les doux vergers tourangeaux ?…

Je ne sais. Elle est ouvrière ;
Sur cette place, chaque soir,
Elle passe, sauvage et fière,
En revenant de son ouvroir.

Je la contemple et je l’admire,
Mon cœur la désire tout bas ;
Je la suis de loin sans rien dire,
Elle ne me voit même pas…

Puis, comme un écolier timide,
Je reviens par les quais déserts.
La nuit resplendit.
Mon cœur vide
Se gonfle de regrets amers.

Et les étoiles qui tressaillent
Et semblent se chercher toujours,
Les claires étoiles se raillent
De mes platoniques amours.

IV.

LE COUCOU.

Le bois est reverdi,
Une lumière douce
Sous la feuille, à midi,
Glisse et dore la mousse.
On dirait qu’on entend
Le bourgeon qui se fend
Et le gazon qui pousse.

Sur le bord des étangs
Où tremblent les narcisses,
Les trèfles d’eau flottans
Entr’ouvrent leurs calices.
Piverts et grimpereaux
Meurtrissent des bouleaux
Les troncs pâles et lisses.

La fauvette au buisson
Murmure une romance,
Courte et leste chanson