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POESIE

LES VOIX DU PRINTEMPS.


ANDANTE


L’ondée a tout le jour arrosé le jardin,
Mais vers le soir, parmi les feuilles renaissantes,
Un rayon du couchant a fait luire soudain
Mille gouttelettes tremblantes.

Et les petits oiseaux blottis dans le buisson,
Secouant le duvet de leurs plumes mouillées,
Se sont mis à chanter alors à l’unisson
La chanson des jeunes feuillées.

Le soleil disparu, leur babil s’est calmé ;
Ce n’était plus qu’un souffle, un soupir dans la brume…
Puis tout s’est tu. Voici que dans le ciel de mai
La première étoile s’allume.

Au dehors ! en plein air !… On sent dans le chemin
Le parfum des lilas que le vent tiède effleure.
Entendez-vous un cor vibrer dans le lointain ?…
Heureux les cœurs unis qui s’aiment à cette heure !

Heureux le paysan qui rentre du labour,
Et, poudreux et lassé, songe, l’âme joyeuse,
Que c’est demain la fête et que tout un long jour
À la danse il pourra mener son amoureuse !