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doivent être cultivées chez nous en espalier avec les soins que l’on donne au chasselas. L’une de ces variétés, nommée malvoisie à gros grains, développe de volumineuses grappes, portant de gros grains de forme ovoïde, espacés, blancs-jaunâtres, qui mûrissent vers la fin de septembre ou dans les premiers jours d’octobre. La saveur en est fine, sucrée, très agréable. L’autre variété, connue sous le nom de malvazia de stiges, se distingue de la précédente par un plus ample feuillage ; ses larges feuilles, cotonneuses en dessous, offrent à leur face supérieure une couleur verte brillante. Elle produit des grappes de forme semblable, arrivant à maturité vers la même époque, mais dont les grains, également ovoïdes, sont mieux dorés, et se recommandent par un plus agréable parfum.

On ne peut ranger dans aucune de ces cinq tribus deux variétés connues sous les noms de corinthes, plus spécialement cultivées en Grèce, et destinées surtout à fournir par la dessiccation ces raisins de dessert consommés en quantité considérable dans la Grande-Bretagne et les stations nombreuses où les Anglais ont établi leur résidence. Ces deux variétés offrent les mêmes caractères, sauf la nuance rose de l’une et jaune ambré de l’autre ; leurs grappes, de médiocre grosseur, portent des grains qui restent très petits, même en arrivant au terme de leur maturité. Ces grains sont alors extrêmement doux et sucrés, la plupart dépourvus de pépins (car ils ont avorté à la fructification). Ce sont surtout les diverses préparations d’entremets et de dessert en France, en Allemagne et plus encore en Angleterre, qui motivent les importations considérables des raisins de Corinthe dans ces contrées européennes[1]. On cultive en outre dans le midi de la France, spécialement pour la préparation des raisins secs, les variétés connues sous les noms de panse et bourmen ou majorquin.

Tels sont les derniers résultats obtenus dans la classification des cépages[2]. Cette classification paraît satisfaisante ; il y aurait cependant à l’étendre, à étudier par exemple les variétés étrangères qu’il pourrait être utile d’introduire en France au point de vue de-la production, soit des fruits de table, soit des vins de choix. D’intéressantes expériences seraient à faire sur les ceps tirés de la Perse,

  1. Une variété, dite corinthe blanc sans pépins, est originaire de France. Ses grappes, plus volumineuses, portent des grains plus gros que dans les deux variétés précédentes ; mais le goût en est moins relevé et moins agréable.
  2. Nous n’avons pas parlé de trente-cinq variétés, comprenant quatorze chasselas, douze muscats et neuf variétés appartenant à d’autres tribus : c’est que le dernier congrès des viticulteurs français réunis à Bordeaux ne les a pas considérées comme assez bien déterminées ou assez distinctes. Nous devons dire que, d’après l’autorité du congrès, on doit rejeter les variétés de raisins nommées muscat de la mi-août et moscatellonero.