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phoque qui contient aussi de la mousse sèche, des pyrites et quelquefois un fragment de lime pour frapper la pierre ; la mousse sert de mèche et d’amadou. Un morceau de glace incrusté dans la toiture transmet le jour quand le soleil se montre.

On trouva encore dans les huttes de ces Esquimaux quelques objets ayant appartenu à l’expédition de Franklin, et, après bien des interrogations, on obtint les renseignemens suivans. — Les natifs de l’île du Roi-Guillaume avaient vu deux bâtimens, dont l’un avait sombré dans une grande profondeur d’eau sans qu’il en reparût le moindre débris ; l’autre avait été poussé sur le rivage et brisé par les glaces en un lieu appelé Ootloolik, autrefois, très fréquenté, aujourd’hui presque délaissé par les indigènes. C’était à la fin de la bonne saison, c’est-à-dire vers août ou septembre, que cet événement était arrivé ; les blancs étaient partis, traînant derrière eux leurs canots, et ils étaient parvenus jusqu’à la grande rivière, où l’hiver suivant on avait retrouvé leurs ossemens.

Munis de ces indications, les Européens poursuivirent leur route dans le sud ; ils franchirent le point où a été fixée la position du pôle magnétique, environ par le 70e parallèle, sur la côte occidentale de Boothia-Félix, et, parvenus au cap Victoria, ils se séparèrent : Hobson allait traverser en ligne droite le détroit de Ross et se diriger sur le cap Félix, à la pointe septentrionale de l’île du Roi-Guillaume, tandis que Mac-Clintock couperait plus au sud pour aller explorer une autre partie de la même île. Le commandant mit trois jours à traverser le détroit ; la température continuait d’être rigoureuse, bien qu’on fût aux premiers jours de mai, et l’éclat de la neige reflétant le soleil causait des cécités momentanées et des souffrances telles qu’il était souvent préférable de marcher la nuit. Dans l’île, on trouva divers campemens où l’on put se procurer de nouvelles indications, d’après lesquelles Mac-Clintock continua de s’avancer vers le sud. Il parvint ainsi, en franchissant le détroit qui sépare l’île du Roi-Guillaume de la terre ferme, jusqu’à l’île Montréal, à l’embouchure de la rivière du Grand-Poisson. N’ayant rien découvert, il regagna l’île du Roi-Guillaume et se mit à en suivre la côte sud-ouest. Là, entre le 68e et le 69e parallèle, près d’une pointe appelée cap Herschel, le 25 mai, on trouva sur une petite hauteur dont le vent balayait la neige un squelette humain complètement blanchi, la face contre terre ; des animaux en avaient rongé la chair et dispersé les extrémités. Tout près se trouvaient collés au sol quelques débris d’un vêtement d’uniforme et un livret de poche promettant de précieux renseignemens, mais en ce moment complètement gelé. Plus loin, au-delà du cap, se dressait un monceau de pierres sous lequel Hobson avait laissé une note ; il faisait savoir qu’il était parvenu en