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complexion un peu légère. Ce n’est point par l’art des développemens ni par la richesse des épisodes que se recommande le génie de Weber. Le quatuor pour instrumens à cordes de Robert Schumann, qu’on a exécuté ensuite, ne m’a pas réconcilié avec la musique de ce cerveau troublé, dont l’harmonie est souvent atroce. J’aime beaucoup mieux les variations pour piano et violoncelle de Mendelssohn, morceau charmant, qui a été assez bien rendu par Mme Massart et M. Léon Jacquard. À la sixième et dernière séance, on a fait entendre un quintette pour piano, deux violons, alto et violoncelle, encore de Robert Schumann, qui m’a paru une œuvre de meilleur aloi. La marche et le scherzo, qui en sont les parties saillantes, ne manquent pas d’originalité. Ce qu’il faut louer en MM. Armingaud et Léon Jacquard, c’est qu’ils ont plus d’initiative que les autres sociétés de quatuors. Les programmes de leurs séances, suivies par un public particulier qui tient à la société du faubourg Saint-Germain, sont généralement très variés et très piquans.

M. Lebouc, qui est un violoncelliste agréable et un artiste de goût, a donné trois soirées de musique classique, dans les salons de la maison Érard, qui n’ont pas manqué d’intérêt. À la deuxième soirée, j’ai entendu le quatuor en fa dièse mineur pour instrumens à cordes, de Fesca, qui a été fort bien exécuté, par M. Herman surtout, qui tenait le premier violon. Le scherzo est particulièrement remarquable. La troisième et dernière soirée de M. Lebouc a été fort intéressante : les Échos, double trio d’Haydn pour quatre violons et deux violoncelles, morceau d’une naïveté charmante, a été vivement applaudi. Le quatuor en , pour instrumens à cordes, de Mozart, la sonate de Beethoven (opera 27), que Mme Mattmann a exécutée avec un grand sentiment ; un air de Samson de Haendel, chanté avec infiniment de goût par M. Paulin, qui depuis a été heureusement nommé professeur de chant au Conservatoire ; une jolie mélodie de Lachner, l’Oiseau, que Mme Gaveaux-Sabatier a dite avec grâce ; une gavotte de Bach, jouée par M. Herman, ont complété cette belle soirée, qui s’est terminée par une polonaise de Chopin, exécutée avec charme par Mme Mattmann et M. Lebouc.

Un de ces artistes modestes qui, dans les rangs de l’enseignement particulier, répandent sans bruit de très bons conseils, M. Charles Lamoureux, violoniste de talent, a donné dans les salons de Pleyel quatre séances de musique de chambre qui ont été suivies et remarquées. M. Lamoureux est élève du Conservatoire, et particulièrement de M. Girard, qui avait pour lui beaucoup d’affection. À la seconde séance, il a exécuté, en qualité de premier violon, avec le concours d’autres artistes bien connus, le quatuor en ré de Mozart et le quatre-vingtième quatuor d’Haydn, où se trouve ce bel andante qui est devenu l’hymne national de l’Autriche, avec infiniment de goût, de précision et de justesse. Nous engageons M. Lamoureux à renouveler l’année prochaine une tentative qui lui a si bien réussi.

Le brillant violoniste italien Sivori, qui parcourt maintenant triomphalement les nouvelles provinces annexées au royaume de Victor-Emmanuel, a inauguré la saison des concerts à Paris par quatre soirées de musique de chambre, qu’il a données, avec le concours de M. Ritter, dans la salle Beethoven. À la quatrième soirée, qui a eu lieu le 21 décembre 1859, j’ai entendu un duo concertant, pour violon et alto, de Spohr, fort bien exécuté par MM. Sivori et Accursi, mais dont la composition ne brille pas par l’abondance